« Fini le stress… Et j’ai gardé le réflexe de muscler mon périnée ! », Maria del Carmen

Après des mois de stress, d’inquiétude et de repli sur soi, Maria del Carmen a retrouvé une vie apaisée, joyeuse et voyageuse. Elle compte parmi ces patientes qui sont passées par le centre de périnéologie des Hospices Civils de Lyon.

« Les problèmes se sont aggravés. L’envie d’uriner était quasi permanente à tel point que je n’osais pas sortir. J’avais le stress de ressentir cette envie. Et par-dessus tout, je craignais d’avoir des fuites », confie Maria del Carmen.

Pour cette jeune retraitée, les dernières années ont été difficiles. En 2018, elle perd son mari. L’année suivante, elle décide « de se prendre en main », dit-elle. « J’avais du temps car je venais de prendre ma retraite. Un frère et une sœur avaient eu chacun un AVC (accident vasculaire cérébral, ndr). J’ai donc pris rendez-vous à l’hôpital Pierre Wertheimer pour passer une IRM. » La démarche n’est pas vaine. L’imagerie médicale révèle un anévrisme. « Le docteur Omer Eker, neurologue me dit qu’il faut opérer. Mais, nous sommes en 2020, et les vagues du Covid qui se succèdent ne vont pas faciliter les choses. L’opération est reportée une première fois. La deuxième tentative est la bonne et le docteur me pose un stent dans la veine du cerveau via l’artère fémorale. » Entretemps, d’autres décès, ceux de frères et sœurs, viennent assombrir un peu plus l’horizon de cette pétillante retraitée qui vient de fêter ses 70 ans.

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Maria del Carmen
Maria del Carmen

« Après la tête, la vessie » 

Après que le risque d’AVC ait été écarté, Maria del Carmen reprend le cours de sa vie, entourée de ses deux enfants et de ses petits-enfants. Mais, de nouveaux problèmes de santé surgissent. « Après la tête, c’est la vessie qui me joue des tours… »  Elle se replie quelque peu, sort moins, elle qui « déteste rester devant la télé. » En 2022, elle consulte le gynécologue qui la suit depuis la fin des années 90, le professeur Géry Lamblin. Elle l’a connu interne à l’hôpital Edouard Herriot et continue à le voir à l’hôpital Femme Mère Enfant  : « C’est un médecin formidable, investi dans son travail, à l’écoute. » 

Le praticien hospitalier constate un prolapsus avancé, ce que l’on appelle couramment une descente d’organes, un trouble fréquent puisque, d’après les estimations, environ 40 % des femmes au-delà de 45 ans présenteront un prolapsus plus ou moins évolué et constaté lors d’un examen gynécologique. Concrètement, il s'agit de la descente dans le vagin des différents organes qui reposent sur le plancher pelvien : l'utérus, la vessie ou le rectum principalement. 

Maria del Carmen, sans même le savoir, est suivie par un spécialiste de la pathologie, à l’origine avec son équipe de l’ouverture en janvier 2023 du premier centre de périnéologie entièrement consacré aux troubles de la statique pelvienne à Lyon et dans la région. Le rendez-vous est alors pris pour un examen clinique qui évaluera plus précisément la position et la mobilité de chaque organe, identifiera le prolapsus, sachant que d'une personne à l'autre ses caractéristiques sont variables. Des examens complémentaires sont également prescrits pour mesurer la pression à l’intérieur de la vessie à l'aide d’une sonde. « Cela peut faire peur car l’appareil est impressionnant mais l’examen est rapide, il prend moins de vingt minutes et il est totalement indolore », indique-t-elle. Des séances chez le kinésithérapeute spécialisé dans la rééducation périnéale sont aussi prescrites. Il faut redonner du tonus à ce muscle en perte de vitesse que la ménopause a pu fragiliser. 

Un nouveau départ 

À la suite de ces premiers examens, Maria del Carmen se voit proposer un rendez-vous au centre de périnéologie de l’hôpital Femme Mère Enfant. Elle s’y présentera dans la matinée du 28 septembre 2023. « L’accueil et la première consultation se passent bien. Les infirmières sont bienveillantes. Je fais confiance au professeur Lamblin qui a toujours été là pour moi. Il m’informe que cela va durer toute la matinée. » 

Les examens cliniques se succèdent. Après l’accueil et le questionnaire qui permet au médecin d’en savoir plus sur la qualité de vie de sa patiente, Maria del Carmen voit pendant quarante-cinq minutes le kinésithérapeute du centre. Il évalue à l’aide d’une sonde les besoins en kinésithérapie et met en place un programme de rééducation personnalisé. Puis, vient le bilan urodynamique. Il s’agit d’évaluer le niveau de dysfonctionnement de la vessie. « Une quarantaine de minutes où on me demande de faire des efforts avec ma vessie pleine, d’uriner (pour vérifier la vitesse de vidange, ndr). À nouveau, j’ai droit à la sonde (pour la pression intra-vésicale, ndr). Tout se passe bien. Je n’ai pas de stress, tout est sans douleur… » La matinée se terminera avec une échographie et un nouvel entretien. 

« J’étais bien contente parce que tous ces examens réunis dans la matinée m’auraient pris beaucoup de temps si j’avais dû les faire séparément. Tout le monde a été très accueillant, de la secrétaire qui est très aimable et compréhensive aux infirmières qui sont charmantes. Nous n’étions pas plus de cinq femmes, chacune passant à son tour dans les différentes étapes mais pas dans le même ordre. C’est une organisation bien huilée. » 

Au terme de la matinée, Maria del Carmen ne part pas les mains vides. Le professeur lui confie un appareil1 : « Je devais le mettre vingt minutes par jour jusqu’à la prochaine consultation. Attaché à la cheville, il m’a aidée à calmer ma vessie. »  

En ce printemps 2024, elle est soulagée car il n’est plus question d’opération, « Fini le stress. Je vois l’avenir différemment. Je me suis inscrite à une association de personnes du troisième âge. En juin, je pars en voyage, une semaine sur l’île de Ré. Je n’ai plus peur de la fuite. J’ai vécu des choses difficiles qui m’ont fragilisée. Mais maintenant, il faut que je bouge. J’ai mes petites-filles avec lesquelles je passe du bon temps, mes enfants. J’ai retrouvé la joie de vivre, de l’énergie. Et j’ai gardé le réflexe de muscler mon périnée… » 

En un an, plus de 275 patientes ont été prises en charge au centre de périnéologie de l’hôpital Femme Mère Enfant. 

 


1 Dispositif pour traiter la vessie hyperactive utilisant la technique de neurostimulation électrique transcutanée par stimulation du nerf tibial. 

Dernière mise à jour le : lun 20/05/2024 - 15:57