Congrès de cancérologie de l'ASCO: les grandes avancées

Le congrès de l’ASCO, qui s’est tenu à Chicago en juin, a rassemblé les plus grands experts mondiaux de la cancérologie. Les oncologues HCL ont pointé les évolutions importantes lors d'une conférence.

Le congrès de l’ASCO (American society of clinical oncology) s’est tenu à Chicago du 1er au 5 juin et a rassemblé près de 40000 personnes, dont les plus grands experts mondiaux de la cancérologie. Plus de 5000 communications ont été proposées, sur tous les types de cancers. De nombreux médias ont repris – et parfois simplifié – quelques avancées majeures notables. Les oncologues HCL ont souhaité faire le point et ont pointé les évolutions importantes.

L’immunothérapie en progression

Une trame générale se dégage de ce congrès : le boom de l’immunothérapie se poursuit avec de nouvelles molécules ou associations prometteuses. C’est le cas pour le cancer du rein, le lymphome ou le myélome, par exemple.

Pour le cancer du poumon, des études ont montré l’efficacité de l’immunothérapie seule pour certains types de patients (environ un tiers). Chez les autres patients, c’est l’association d’une immunothérapie à une chimiothérapie qui semble, pour le moment, la stratégie la plus intéressante.

Même conclusions pour le cancer du rein : deux molécules d’immunothérapie prises ensemble se révèlent plus efficaces que le traitement standard (un anti-angiogénique, qui bloque la croissance de la tumeur).

Cancer du rein

Une étude française « CARMENA » a étudié l’équivalence de deux stratégies dans le cancer du rein métastatique : une chirurgie suivie d’un traitement anti-angiogénique, d'une part, et une stratégie sans chirurgie, uniquement un traitement anti-angiogénique, d'autre part. Conclusions : les deux stratégies sont équivalentes et la chirurgie peut être considérée comme une option chez les patients atteints de certains cancers rénaux métastatiques. Dans tous les cas, la chirurgie ne doit pas retarder la mise en place du traitement anti-angiogénique par comprimés. En revanche, la chirurgie reste le standard du traitement chez les autres patients, notamment les patients non métastatiques.

Cancer ORL

Traite-on différemment les femmes atteintes de cancer ORL que les hommes ? C’est la question que se sont posée des médecins ORL américains. Une étude rétrospective a montré que les femmes atteintes de cancers ORL avaient une moins bonne espérance de vie que les hommes. En réalité, les femmes et les hommes ne sont pas concernés de manière identique. Les femmes sont davantage touchées quand elles sont jeunes (et il s’agit souvent de cancers de la bouche ou de la langue, de mauvais pronostic ; on ne s’explique d’ailleurs pas ces cas en hausse actuellement) ou lorsqu’elles sont âgées (mauvais pronostic, là aussi).

Inversement, les cancers de la gorge, touchant surtout les hommes, sont encore causés par le tabac et l’alcool, mais aussi, de plus en plus et partout dans le monde, par le HPV (papillomavirus, virus faisant partie des maladies sexuellement transmissibles). Ce cancer-ci est de meilleur pronostic que ceux causés par le tabac ou l’alcool. Les femmes ne sont donc pas moins bien soignées. Elles sont malheureusement surtout touchées par des cancers plus agressifs.

Une autre étude rétrospective américaine a analysé s’il était possible de diminuer les risques de séquelles liées au traitement du cancer ORL. Elle a démontré une survie semblable entre la chirurgie seule et la chirurgie combinée à la chimiothérapie et/ou la radiothérapie, sur des cancers débutants, avec un ou aucun ganglion atteint.

Cancer du sein

Menée aux Etats-Unis, une étude sur le cancer du sein a largement fait parler d’elle. Intitulée « TAILORx », elle visait à vérifier si, chez les femmes atteintes de « petits cancers » (tumeur de moins de 5 cm sans atteinte des ganglions), il était possible de se passer de chimiothérapie après la chirurgie. Le traitement habituel de ces cancers consiste en une chirurgie du sein suivie d’une chimiothérapie et d’une hormonothérapie. Aujourd’hui, on sait que l’étude des gènes de la tumeur permet de définir trois groupes de patientes : celles ne nécessitant pas de chimiothérapie ; celle le nécessitant et un groupe intermédiaire pour laquelle la stratégie n’est pas claire. C’est dans ce groupe intermédiaire que l’essai TAYLORx a comparé deux stratégies : l’association chimiothérapie et hormonothérapie ou l’hormonothérapie seule. Les conclusions ont montré le même taux de survie. Attention, cette étude s’est penchée uniquement sur des cancers de bon pronostic et chez des femmes de plus de 50 ans. Ses résultats ne signifient pas que la chimiothérapie ne sera plus prescrite, mais ils démontrent que les analyses génétiques de la tumeur sont particulièrement intéréssantes.

Cancer digestif

Une étude, menée en France, « PRODIGE 24 », s’est intéressée au cancer du pancréas, souvent de mauvais pronostic. Chez les 30% des patients opérables, une chimiothérapie est habituellement proposée dans les suites. L’étude a comparé la chimiothérapie de référence actuelle à une association de trois molécules de chimiothérapie. Le résultat est sans appel, puisque la survie est passée de 35 mois à 54 mois avec cette nouvelle association ! Cette nouvelle chimiothérapie va probablement devenir le nouveau traitement standard applicable dans le monde entier...

Centre intégré de recherche, de soins et d’enseignement, le CHU de Lyon prend en charge les patients atteints de tous types de cancers, à tous âges de la vie, et est expert du traitement des tumeurs rares et complexes.

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Dernière mise à jour le : lun 21/06/2021 - 11:35