Greffe hépatique : une nouvelle machine qui optimise le greffon

Le Liver-Assist "machine de perfusion hépatique" devrait permettre d'augmenter le nombre de greffons potentiellement transplantables dans un contexte de pénurie d'organes.

« Le foie est comme une batterie : sans apport d'oxygène par le sang (l'ischémie), il se vide lorsqu'il est transporté dans la glace pour être greffé. Ainsi, au moment où il est implanté, il peut avoir du mal à redémarrer » résume le Pr Mickael Lesurtel, investigateur principal de l'étude, chirurgien greffeur au service de chirurgie générale, digestive et transplantations hépatiques et intestinales à l'hôpital de la Croix-Rousse.

Un manque de greffons permanent

En France, la demande d'organes dépasse de loin l'offre avec un greffon hépatique disponible pour 2,3 receveurs. Depuis longtemps, les équipes médicales acceptent donc des greffons hépatiques dits « marginaux » pour sauver la vie de receveurs dont le pronostic vital est en jeu à très court terme à cause de leur maladie hépatique. Ces organes plus vulnérables tolèrent moins bien la conservation hypothermique sans oxygène lors du transport, et le receveur est exposé à un taux de complications plus élevé après la greffe : dysfonction primaire du greffon, complications biliaires, voire perte du greffon...

Les foies « marginaux » sont définis comme ayant au moins une de ces caractéristiques : issus de donneurs de plus de 65 ans ou qui ont séjourné plus de 7 jours en réanimation, donneurs en surpoids, greffons avec surcharge de graisse, greffons ayant souffert d'un arrêt cardiaque. Ils représentent, selon l'agence de la biomédecine, environ 50 % de l'ensemble des greffons transplantés.

Des machines qui protègent et optimisent le foie

Pour améliorer au mieux le greffon, les machines de perfusion hépatique apportent au foie, avant d'être implanté chez le receveur, de l'oxygène, des antioxydants et lavent l'organe des toxines produites lors de l'ischémie. Elles permettent de « recharger la batterie » que constitue le foie avant de l'implanter chez le receveur.

Le Liver-Assist, un des types de machine de perfusion hépatique, a été obtenu dans le cadre du plan d'équipement innovant 2017 instruit par la cellule d’expertise dispositifs médicaux innovants. Son coût (80 000€) est supporté par les HCL.

  

Etude HOPExt : 266 patients vont y être inclus pour une durée de 36 mois

L'hôpital de la Croix Rousse étant un gros centre de transplantation hépatique (90 greffes/an), le centre de transplantation hépatique des Hospices Civils de Lyon est le centre coordonnateur de l'étude HOPExt lancée en septembre 2019 dans 6 CHU français (Lyon, Rennes, Strasbourg, Villejuif, Beaujon et Lille). ​Au total en france, 266 patients vont y être inclus pour une durée de 36 mois. L'objectif de cette étude est de comparer la prise en charge des greffons hépatiques avec ou sans le dispositif de perfusion hépatique (Liver-Assist) et de déterminer notamment son intérêt dans la réduction des dysfonctions de greffe dans la semaine post-opératoire. Ce projet a été lauréat au Programme Hospitalier de Recherche Clinique (PHRC) 2018 et financé à hauteur de 1.100.000 d'euros.

Il se peut que les machines de perfusion hépatique deviennent un standard pour la conservation, non seulement des greffons marginaux, mais aussi de tous les greffons hépatiques » espère le Pr Mickael Lesurtel. « La question n'est plus de savoir s'il faut utiliser ces machines en soin courant à l'avenir, mais de définir la meilleure façon de les exploiter pour améliorer les résultats de la transplantation hépatique. Elles peuvent aussi permettre de tester le greffon hépatique pendant quelques heures afin de s'assurer qu'il sera fonctionnel avant de l'implanter. On pourrait également administrer des médicaments directement au greffon hépatique avant implantation....

Dernière mise à jour le : lun 19/12/2022 - 14:53
Blocs libres

> Focus sur l'hépatologie à Lyon, en partenariat avec l'université Claude Bernard Lyon 1
L’émergence de l’axe hépatologie à Lyon repose sur un solide historique sur les hépatites virales, mais aussi sur des expertises de niveau international sur les maladies métaboliques (maladie du foie gras), les pathologies alcooliques, les cancers, la transplantation hépatique… Les équipes cliniques associées aux chercheurs de l’université Claude Bernard Lyon 1 travaillent main dans la main pour proposer des solutions innovantes et optimisées pour chaque patient, adulte et enfant, des HCL. L’intégration de la recherche et des soins d’excellence permet une prise en charge unique pour toutes les pathologies du foie.