Greffe : un nouveau type de rejet identifié

Publiée dans Nature Communications, cette étude a été menée par des médecins de l’hôpital Edouard Herriot avec le centre international de recherche en infectiologie. Elle a aussi permis d’identifier un traitement prometteur pour prévenir ces rejets.

Lorsqu’il doit faire face à un organe provenant d’un donneur génétiquement différent : une situation que l’on rencontre après transplantation, il arrive que le système immunitaire du donneur se retourne contre l’organe transplanté et le détruise, un phénomène connu sous le nom de « rejet ». Une vision simplifiée du système immunitaire est celle d’un ensemble de cellules entrainées à reconnaître ce qui est dangereux (« non-soi » : bactéries, virus, cellules cancéreuses…) et à le détruire. Pour accomplir cette tâche correctement, les cellules du système immunitaire doivent également être éduquées afin d’apprendre à reconnaître et à tolérer le « soi ».

Comprendre les mécanismes immunologiques du rejet pour mieux l’empêcher est l’un des objectifs de l’équipe de médecine de la transplantation de l’hôpital Edouard Herriot. L’équipe vient de publier dans Nature Communications, une étude, qui remet en cause un dogme en matière de rejet : les anticorps ne sont pas les seuls responsables de l’inflammation de la microcirculation, première cause de la perte des greffons.

Dans la moitié des cas les responsables du rejet sont les cellules NK (sigle de l'anglais « Natural Killer », signifiant «tueur naturel») et non pas les anticorps comme on l’avait toujours pensé. Les cellules NK, aussi appelées cellules tueuses naturelles, sont des cellules de l'immunité innée.

« En analysant plusieurs centaines de biopsies de greffons rénaux de l’hôpital, nous avons pu mettre en évidence que, dans la moitié des cas, l’inflammation de la microcirculation survient même s’il n’y a pas d’anticorps anti-greffon » explique le Pr Olivier Thaunat, médecin à l’hôpital Edouard Herriot «Grâce à des études expérimentales conduites au CIRI (INSERM - CNRS - Ecole normale supérieure de Lyon - Université Claude Bernard Lyon 1) nous avons pu démontrer que ces lésions vasculaires sont en fait la conséquence de l’activation des cellules qui préservent notre immunité : les cellules NK. En bonnes « tueuses », elles provoquent alors l’inflammation de la microcirculation ce qui conduit au rejet de l’organe greffé ».

Vers un traitement déjà existant

La bonne nouvelle pour les patients c’est que les chercheurs ont également montré qu’un traitement déjà disponible sur le marché, pourrait permettre de prévenir le développement de cette nouvelle forme de rejet dernièrement découverte. Une étude clinique est sur le point de commencer pour tester cette hypothèse émise par les scientifiques.

Cette étude translationnelle révèle donc l’existence d’un nouveau mécanisme de rejet de greffe, indépendant des anticorps, et ouvre la voie pour améliorer le devenir des greffes d’organe.

Dernière mise à jour le : ven 01/07/2022 - 11:12
Blocs libres

Missing self triggers NK cell-mediated chronic vascular rejection of solid organ transplants. Alice Koenig, Chien-Chia Chen, Antoine Marçais, Thomas Barba, Virginie Mathias, Antoine Sicard, Maud Rabeyrin, Maud Racapé, Jean-Paul Duong-Van-Huyen, Patrick Bruneval, Alexandre Loupy, Sébastien Dussurgey, Stéphanie Ducreux, Vannary Meas-Yedid, Jean-Christophe Olivo-Marin, Héléna Paidassi, Romain Guillemain, Jean-Luc Taupin, Jasper Callemeyn, Emmanuel Morelon, Antonino Nicoletti, Béatrice Charreau, Valérie Dubois, Maarten Naesens, Thierry Walzer, Thierry Defrance & Olivier Thaunat. Nature Communications volume 10, Article number: 5350 (2019).