Aux HCL, comment un adolescent a retrouvé le sourire

L’adolescent de 14 ans atteint du syndrome de Papillon-Lefèvre a été pris en charge de manière innovante. En deux heures d’intervention, il a quitté le service avec un nouveau sourire.

Maladie génétique rare qui touche 1 à 4 personnes sur un million, le syndrome de Papillon-Lefèvre se caractérise par un épaississement de la couche cornée de la paume des mains et de la plante des pieds, associée à une inflammation sévère du tissu de soutien des dents : la parodontite. Ici, l’agressivité de la parodontite entraîne la mobilité puis la perte précoce des dents temporaires et définitives, suite à la résorption de l’os alvéolaire, l’os de maintien de la dent.

Une réelle avancée pour le patient

En novembre 2018, un adolescent de 14 ans est pris en charge au sein du centre de compétences des maladies rares orales et dentaires aux HCL. Afin de réaliser des prothèses immédiates nécessaires à son traitement, les praticiens Catherine Millet, Maxime Ducret, François Virard et Guillemette Lienhart ont utilisé une caméra intra-buccale. Ce nouvel équipement permet de faire une empreinte optique virtuelle, de précision, sans passer par les procédés habituels d’empreintes physico-chimiques (la pâte rose entre autres). Ces empreintes conventionnelles auraient provoqué la chute des dents en mobilité extrême. Or ce n’est pas le cas avec l’empreinte optique qui n’exerce aucune pression physique sur les dents. « Pour les patients souffrant du syndrome de Papillon-Lefèvre, c’est une réelle avancée » souligne la Pr Catherine Millet.

Une fois l’empreinte virtuelle réalisée, le fichier numérique a été envoyé sur le poste informatique du prothésiste. La conception et la fabrication de la prothèse ont été réalisées grâce à l’assistance d’un ordinateur (CAO-FAO). Et la fabrication a été finalisée par usinage d’un matériau (polyméthacrylate de méthyle) qui présente l’avantage d’être plus dense et de meilleure qualité que la résine obtenue par les techniques classiques, puisque répondant à des normes de fabrication industrielle.

Précision, ergonomie et délais raccourcis

Après les extractions multiples réalisées sous anesthésie locale et les sutures des alvéoles osseuses, le patient a quitté le service avec une prothèse parfaitement adaptée à sa cavité buccale, en deux heures d’intervention. Sans cette nouvelle technologie, le patient aurait dû attendre une à plusieurs semaines avant de pouvoir bénéficier d’une prothèse dentaire. « Non seulement nous gagnons en précision, en qualité et en ergonomie, mais aussi en délais de fabrication » relève le Dr Maxime Ducret. Par ailleurs, le patient gagne en qualité de vie durant la période de 2 à 3 mois de cicatrisation. Cette intervention a donné lieu à une publication scientifique dans un journal de référence nord-américain. En décembre 2018, une intervention identique a été pratiquée sur la sœur du premier patient, âgée de 12 ans, avec le même succès.

Aujourd’hui l’empreinte optique intra-buccale est utilisée quotidiennement dans le service de soins dentaires et d’odontologie hospitalière. Qu’il s’agisse de couronnes, de bridges, d’implants, ou d’appareillages orthodontiques, ses applications sont nombreuses. Cette nouvelle ère numérique augure de profonds changements dans la prise en charge et les soins des patients. Elle offre en outre de nombreuses pistes d’investigation que les praticiens des HCL explorent avec passion.

Dernière mise à jour le : mer 21/07/2021 - 16:52