Le cancer du sein de Stéphanie

Il est le cancer est le plus fréquent chez la femme. Mais quand la maladie nous touche personnellement, on ne peut s’empêcher de penser au pourquoi. Stéphanie Roani raconte le chemin parcouru, de l’annonce du diagnostic à la rémission. Un vécu qu’elle souhaite partager avec toutes celles confrontées à la maladie.

« Mon gynéco, qui me suivait depuis ma première grossesse, me prescrit une mammographie. J’avais 42 ans  et, d’après lui, le temps était venu », relate Stéphanie Roani. Deux mois plus tard, c’est l’esprit plutôt serein qu’elle part à son rendez-vous. Après tout, elle ne ressent aucune gêne ni douleurs dans la poitrine. 

La mammographie va révéler la présence de deux nodules. Une biopsie complètera le diagnostic le 21 février 2014. Même si le taux de survie, stable depuis des années, est de 87%, le cancer du sein reste le cancer le plus meurtrier chez la femme. « L’annonce est comme un grand coup de massue derrière la tête », confie-t-elle. « Maman, est-ce que tu vas mourir ?, m’a demandé ma fille Margot. Là, je me suis dit qu’il allait falloir se battre. »

Son médecin traitant, la docteure Frédérique Steinberg, et son gynécologue aujourd’hui à la retraite, le docteur Luc Perrot, s’accordent pour adresser leur patiente au professeur François Golfier, chef du service de gynécologie-obstétrique à l’hôpital Lyon Sud. « Il m’a pris seulement huit jours après l’annonce du diagnostic, huit jours à me poser la question pourquoi moi ? »

Le 8 avril, les deux nodules sont enlevés sous anesthésie générale. Bonne nouvelle : les analyses montrent que les ganglions ne sont pas atteints. Un traitement hormonal prévu pour cinq ans est prescrit ainsi que 33 séances de radiothérapie à Valence. Le suivi se fera chez son gynécologue tous les quatre mois et une fois par an chez le radiothérapeute valentinois.

La vie normale reprend alors son cours pour cette commerçante dynamique qui « adore son métier », dit-elle, et aussi le contact avec les clients, la gestion du magasin et son équipe « sur qui elle peut compter. ». Dans sa commune au bord du Rhône, elle connaît tout le monde ou presque. Cette vie active dans une zone rurale lui convient parfaitement. C’est là que sont ses racines, sa vie, sa famille et ses amies. « Tous m’ont épaulée. C’est important d’être bien entouré. » 

Les mains dans les poches

Quatre ans vont passer. Quatre ans durant lesquels elle continue à gérer l’affaire familiale qu’elle a reprise il y a trois décennies, à vivre pleinement sa vie de femme, d’épouse et de mère. En décembre 2018, nouvelle visite de contrôle. « J’y suis allée les mains dans les poches mais quand j’apprends la nouvelle, là, je me dis, ce n’est pas bon… » Sur le chemin du retour, elle se gare sur le bas-côté et appelle son mari, Rémi, à ses côtés depuis 26 ans. Elle lui apprend la présence d’un nodule dans le même sein.

En cette fin d’année, elle ne souhaite pas gâcher les fêtes. Elle attendra janvier pour se faire opérer. Ces deux filles, Manon et Margot, ont été informées : « Elles ont eu très, très peur. » Cette fois-ci, il est question d’enlever le sein malade afin d’éviter toute nouvelle récidive. « Psychologiquement, il faut encaisser. C’est plus dur à entendre et à accepter. Mon mari m’a rassurée. Il m’a dit qu’il était à 200 % avec moi, que ce n’était pas grave, que ça ne changeait rien, mais j’étais gênée pour lui. »

Le mois de décembre se déroule entre deux eaux, à la fois festif et attentiste. En janvier, ses parents assurent l’intérim au magasin.  Le 22 janvier, Stéphanie est opérée. L’intervention est plus lourde : ablation du sein, curage ganglionnaire et aussi, reconstruction mammaire.

« J’ai voulu la faire en même temps pour gagner du temps, ne pas devoir attendre. » Le docteur Fabien Boucher, du service de chirurgie des brûlés, plastique, reconstructrice et esthétique de l’hôpital de la Croix-Rousse, place une prothèse. « J’ai été très contente du résultat ! » 

« Je ne me retrouvais plus »

À la suite de cette deuxième intervention, la radiothérapie n’est plus possible. « À la récidive, on se dit que ça va être la chimiothérapie… je n’étais pas tranquille. » Le professeur Gilles Freyer, chef du service d’oncologie médicale à l’hôpital Lyon Sud, la rassure. Il prescrit quatre séances de chimiothérapie. Stéphanie ne reprendra le travail que six mois plus tard, en juillet 2019. 

« Mon plus mauvais souvenir ? La perte de mes cheveux », répond-elle, encore émue trois ans après. « Je ne me retrouvais plus. J’avais perdu une part de ma féminité. » Progressivement, elle parvient à reprendre le dessus. « Au final, je n’ai pas ressenti le besoin de voir une psychologue (1). J’ai beaucoup parlé avec ma famille et mes amies. À l’hôpital, les infirmières, infirmiers, les aides-soignantes, les secrétaires m’ont réconfortée. C’est énorme comment ils se sont occupés de moi. »

Aucune nausées ni de vomissements ne sont venus alourdir la chimiothérapie. En revanche, « Les deux dernières séances ont été très éprouvantes. J’étais très fatiguée. » L’été, Stéphanie récupère. Elle retrouve ses forces, en dépit de quelques coups de fatigue inhabituels qu’elle hésite à mettre sur le compte de l’âge. Après tout, ne vient-elle pas de fêter ses 47 ans en juillet ? 

En septembre, une opération est à nouveau planifiée, « pour rééquilibrer ma poitrine », précise-t-elle. « Trois ou quatre jours de récupération devaient suffire. Or, j’ai été très douloureuse pendant près de quatre semaines ! Je n’étais pas préparée psychologiquement. J’ai maudit le chirurgien. Il m’a fallu des jours pour pouvoir me lever sans grimacer… ça a été très dur là encore. » Enfin, c’est en novembre 2019, que la dernière intervention pour dessiner un mamelon mettra un terme à la chirurgie. « Au final, cette reconstruction du sein a été une aide pour me reconstruire dans la tête. »

Depuis, Stéphanie poursuit son traitement hormonal. En cette année 2022, elle est toujours suivie à Lyon Sud : « Le professeur Freyer est très à cheval sur le sport. Il faut que je pratique au moins deux à trois heures par semaine. Du coup, je me suis inscrite à un club de gym et avec mon mari, on marche sur la Via Rhôna (1). Et puis, au travail, je ne suis jamais assise… »

Communiquer sans tabou

L’autre jour au magasin, une cliente lui apprend le cancer de sa fille. Devant cette mère inquiète, elle confie : « Regardez-moi, j’ai eu deux cancers, et je vais bien. » Il y a quelques semaines c’est au tour d’une amie de lui annonce son cancer du sein. « J’ai recommandé le professeur Golfier. Dans ces moments-là, c’est très important de se sentir écoutée, comprise et informée simplement. Lui et le professeur Freyer ont été tellement humains avec moi. Ils m’ont parlé en toute transparence, sans jargon médical, ne m’ont jamais prise de haut. Aujourd’hui, si je me sens bien et si je ne suis pas inquiète pour mes filles, c’est grâce à eux. »

Pour Stéphanie, l’important désormais est de profiter des gens qu’elle aime. En février, elle partait au Mexique avec trois couples d’amis. Et en fin d’année, « On part tous les quatre, mon mari et mes deux filles, en République dominicaine. Faut savoir prendre du bon temps tant qu’on peut. » 

Elle n’oublie pas pour autant le chemin parcouru depuis le premier diagnostic en 2014. En ce début d’Octobre Rose, pour chaque paire de chaussures achetées dans son magasin, un don est versé à la Ligue contre le cancer
 

Le cancer et ses traitements engendrent des effets secondaires qui peuvent avoir d’importantes répercussions sur la vie quotidienne. Des professionnels des soins de support des Hospices Civils de Lyon (psychologue, assistante sociale, esthéticienne, diététicienne, sophrologue…) veillent à votre qualité de vie tout au long de votre prise en charge.

 

(1) Itinéraire cyclable de 815 km, allant des Alpes à la Camargue.

 

Dernière mise à jour le : mar 01/08/2023 - 17:37
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Stéphanie Roani
Stéphanie Roani