Soins de support en oncologie : cuisiner, partager et savourer

« J’avais peur qu’on parle régime et, du coup, je suis rassurée », s’exclame Christine, qui assiste pour la première fois à l’atelier cuisine. Pour Nadine, en revanche, il s’agit de sa troisième participation et elle compte bien ne pas s’arrêter là : « À chaque fois, j’apprends quelque chose, que ce soit des façons de cuisiner que je ne maîtrisais pas, la découverte de nouveaux produits et des associations d’ingrédients auxquelles je n’aurais jamais pensé. » 

Toutes deux sont encadrées par Anne Lastmann, consultante en développement durable, pair-aidante aux Hospices Civils de Lyon et animatrice de ces ateliers gratuits proposés aux personnes atteintes d’un cancer, aux côtés de Lama Basbous, docteure en chirurgie dentaire, formatrice et chercheuse en alimentation, santé et environnement et patiente partenaire aux HCL.

Conserver un bon équilibre alimentaire

Ici, l’alimentation se veut bio, locale, de saison, favorisant la consommation de fruits et légumes, de légumineuses, de céréales complètes, de fruits à coque et d'huiles végétales, ainsi que le "fait maison". Des recettes végétales, aussi savoureuses que saines et, surtout, adaptées à des personnes touchées par le cancer jusqu’à deux ans après le traitement en oncologie et 5 ans en hématologie.  

« Je suis sensible au gras et beaucoup de recettes m’écœurent », indique Nadine, avouant que les lyonnaiseries, ce n’est pas pour elle.

« Le bien manger est une préoccupation quand on est sous traitement », confie Christine, suivie en hématologie à l’hôpital Lyon Sud.  

Bien souvent, les traitements ont un impact sur le système digestif. Il faut alors prendre garde de ne pas perdre trop de poids en conservant un bon équilibre alimentaire. Certains aliments sont à éviter ou ne passent plus. Les œufs par exemple peuvent être déconseillés pour les patients suivis en hématologie. 

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Le menu du jour prévoit des triangles à la crème d’amandes et ail et des muffins à la patate douce et cannelle. Anne Lastmann rassemble les ingrédients qui seront nécessaires à leur réalisation. Pour les muffins, entreront dans la recette du lait de soja, riche en protéines et très digeste, de l’huile de colza que l’on peut aussi remplacer par de l’huile de tournesol et, pour jouer le rôle de liant habituellement réservé à l’œuf, la farine de lupin représente un excellent substitut.  

Autour de la grande table, la cuisine du pavillon 2N de l’hôpital Lyon Sud prend vie. L’eau des amandes émondées bout à feu doux dans la casserole. La chair des patates douces est mixée avec le lait et l’huile. Pour faire cailler le lait restant, « une cuillère à café de vinaigre de cidre suffit », enseigne Anne Lastmann.  

Une cuisine des sens et des confidences 

Maintenant, Christine coupe le persil frais, pendant que les muffins finissent de cuire dans le four. Nadine s’occupe de l’ail. La cuisine aiguise les sens, ouvre les appétits comme les confidences. Anne Lastmann est vigilante à ce que l’atelier se déroule au mieux. « C’est un moment de détente, de pair aidance, et de rencontre entre des personnes de différents profils. » 

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Les mains occupées, les langues se délient. Rapidement, le tutoiement est de rigueur. On échange aussi bien sur sa propre culture culinaire que sur les choses de la vie. « Mon mari est Italien. Ses spécialités ce sont les pâtes aux légumes », partage Nadine. De l’autre côté de la table, Christine confie que son mari est chef de cuisine dans la restauration collective. Toutes deux atteintes par le cancer dans la cinquantaine partagent aujourd’hui plus qu’un moment convivial. Travail, situation familiale, loisirs, goûts de l’enfance… les sujets de conversation naissent naturellement. 

On se trouve des points communs, des centres d’intérêt et l’on partage des informations. La maladie sera très peu abordée. La bonne humeur, le plaisir de partager l’instant et la bonne chère ne sont pas les seules vertus de ces ateliers. On en repart avec de nouvelles compétences culinaires, la connaissance de nouveaux produits et peut-être aussi, une nouvelle manière de cuisiner dans le respect de son corps et de l’environnement. 

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Avant de se quitter, Anne, Nadine et Christine apprécient les plats de la matinée. Le triangle à la feuille de brick offre en bouche une texture subtile, légèrement croquante ainsi qu’une saveur acidulée rafraîchissante. Quant au muffin à la cannelle, une unique bouchée finirait de convaincre le plus récalcitrant d’adopter cette cuisine végétale étonnante, particulièrement adaptée aux personnes sous traitement et à tout gourmet en quête de bon, de sain et de bio. 

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Les ateliers cuisine de l’hôpital Lyon Sud sont ouverts à tous les patients, quel que soit l'établissement de suivi, et à leurs proches. Les recettes sont rapides à réaliser et faciles à reproduire sans concéder à la rondeur du goût et des saveurs. De quoi ajouter un peu de peps, après traitement, à son régime alimentaire !