Bernard Tanner, rescapé du Covid
Dans la famille Tanner, on se souviendra longtemps de ce printemps 2020. Geneviève et Bernard sont tombés malades pratiquement en même temps. Tous deux infectés par le SARS-Cov-2. Depuis plus de 45 ans, ces deux-là partagent tout. « Un couple fusionnel », décrit Bernard. Un couple qui a dû affronter une situation jamais vécue jusqu’alors, celle de la séparation et de l’isolement dans le contexte anxiogène d’une pandémie planétaire.
Tout a commencé le lundi 16 mars, en début d’après-midi. Bernard se met à trembler. Le froid qui s’est emparé de lui ne semble pas vouloir le quitter. La fièvre ne baisse pas. Elle va même monter à plus de 40. Rendez-vous est pris le lendemain avec le médecin de famille qui prescrit doliprane, antibiotique et dépistage du Covid-19.
Le vendredi, la fièvre n’a toujours pas baissé. Le résultat tombe dans l’après-midi : Bernard est positif. « Je m’en doutais, bien sûr. Je ne quittais plus mon canapé et la fatigue était grande. » Son médecin prend des nouvelles tous les jours.
Constatant que l’inflammation persiste, Bernard est hospitalisé à l’hôpital Desgenette. Nous sommes le jeudi 26 mars, il est onze heures du matin. « En dix minutes j’ai été séparé de Geneviève et de tous mes proches, et me suis retrouvé totalement isolé. » Le choc émotionnel est rude.
Le lendemain, Bernard Tanner est transféré en réanimation à l’hôpital Louis Pradel, dans le service de pneumologie du Pr Jean-François Mornex. Ce patient de 68 ans, en léger surpoids, diabétique, au cœur arythmique et souffrant d’apnée du sommeil coche toutes les cases du patient à risque.
Bien que sous oxygène, « Je n’étais pas essoufflé, en fait je me sentais plutôt bien ! ». Ce qui pèse sur le moral, c’est avant tout cet isolement qui l’empêche de recevoir la visite de ses proches, à commencer par son épouse. « Moi-même infectée, et fragile des bronches, j’étais très soucieuse. Les enfants* et moi, on a tellement eu peur pour lui… », se remémore-t-elle.
« J’avais oublié mon chargeur et en réanimation, il n’y a rien à faire que d’attendre. J’étais isolé dans ma chambre, sans nouvelles. Heureusement, ma fille a pu me faire transmettre mon chargeur et on s’est retrouvé au téléphone. » A ce moment-là, Bernard a conscience qu’il a de la chance de ne pas avoir développé un syndrome de détresse respiratoire aigu. « J’étais perturbé par les personnels masqués, les mesures de sécurité et d’hygiène, la gravité de la situation mais j’avais l’impression de bien m’en sortir. » De son côté, Geneviève est pétrie d’inquiétudes : « On se savait pas ce qu’on allait devenir ».
Après une semaine en soins critiques, Bernard est transféré. « Là, j’ai repris des forces. Des repas bons et copieux, assure-t-il, oui, j’ai bien mangé à l’hôpital ! ». Il tient à remercier « les infirmières qui ont répondu à toutes mes questions. Elles m’ont rassuré. Et aussi cet interne qui donnait de mes nouvelles à la famille. »
Geneviève partage à son tour : « Le docteur a été super agréable, vraiment à la hauteur. Il a pris le temps de m’expliquer et de m’écouter. Et les personnels ont été sensationnels. Je leur tire mon chapeau. »
Quinze jours après sa sortie d’hôpital, Bernard se sent « prendre des forces chaque jour un peu plus ». Un scanner est prévu le 12 juin. « D’autres sont allés à la mort, moi, je pense être guéri. Oui, je suis bien. »
* Séverine et Sébastien, respectivement âgés de 40 et 43 ans.
- Parlons santé #38, la lettre d’info qui prend soin de vous (novembre 2023) - Actualité
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