L’imprimante 3D révolutionne la chirurgie maxillo-faciale
L'imagerie médicale permet aujourd'hui d'obtenir une image en trois dimensions de l'ensemble de l'organisme, notamment grâce au scanner, qui recueille des informations de plus en plus précises. Ces images, enregistrées sous forme de données numériques sont ensuite utilisées pour programmer une imprimante 3D et réaliser différentes aides opératoires. Outre la fabrication de répliques exactes de la zone à opérer qui permettent au chirurgien de s’entrainer avant l’opération, l’imprimante 3D peut fournir au médecin :
Des gabarits ou des guides de coupes pour préparer l’intervention en amont
Pour réparer l’os d’une pommette enlevé à cause d’un cancer, le chirurgien, par un processus de mirroring, obtient des données pour réaliser une réplique exacte de la pommette restante mais inversée. L’imprimante 3D fabrique un modèle de celle ci qui sert de support au chirurgien pour façonner une grille aux bonnes dimensions, qui sera posée pendant l’intervention et qui comblera le vide laissé par l’exérèse de la tumeur. Les guides de coupe quant à eux, épousent parfaitement le relief de la partie à découper. Ils comportent des rainures qui indiquent le tracé que le chirurgien doit suivre pour découper l’os. Ces guides permettent, par exemple, d’opérer plus finement des nourrissons atteints de craniosténose (fermeture prématurée des os du crane engendrant une réduction de la boite crânienne).
« Tout cela permet d’anticiper l’intervention et de la préparer dans ses moindres détails. Au final, nous réduisons au moins de moitié le temps opératoire ! On gagne en précision, on limite les saignements et la durée de l’anesthésie» résume le Pr Arnaud GLEIZAL, chirurgien au service de chirurgie maxillofaciale et stomatologie.
Des implants qui sont "greffés" pendant l’intervention
Avant, pour reconstruire une zone abimée, les chirurgiens devaient prélever un fragment d'os sur une autre partie du squelette du patient, qu'ils adaptaient ensuite à la zone à réparer de manière plus ou moins satisfaisante. Ce deuxième site opératoire allongeait la durée et l’invasivité de l’intervention. Des biomodèles 3D peuvent maintenant être insérés dans le corps humain car fabriqués dans des matériaux comptables avec notre système immunitaire (Titane, …). L’hôpital fait pour cela appel aux imprimantes 3D de l’industrie pharmaceutique.
"L’imprimante 3D change la donne avant et pendant le bloc. Nous osons maintenant certaines chirurgies car on sait que l’on peut reproduire fidèlement la partie lésée et que le résulat sera très satisfaisant. C’est toute la chirurgie qui est en cours d’être bouleversée par ces techniques !" conclue Jean Thomas Bachelet.
Une étude qui évalue les coûts et les bénéfices cliniques
Les prothèses imprimées en 3D bien plus chères que des prothèses classiques ont l’avantage d’être totalement personnalisées et d’éviter de nombreuses complications per et post opératoires.
Ces nouveaux dispositifs médicaux bouleversent la chirurgie. En chirurgie maxillo-faciale, ils permettent par exemple, de reconstruire une orbite oculaire au lieu de greffer le patient avec son propre os prélevé au niveau du crâne.
C’est sur cette base que l’équipe de chirurgie-maxillo faciale du Pr Arnaud GLEIZAL de l’hôpital de la Croix Rousse des HCL a été retenue pour mener un Programme de Recherche en Médico-Economie (PRME) afin d’évaluer les coûts et les bénéfices cliniques liés à l’utilisation d’un implant en titane poreux imprimé en 3D à partie des images du patient. Si l’étude prouve sa supériorité par rapport à la greffe classique, ces prothèses pourraient être remboursées par l’assurance maladie. C’est, pour le moment, l’hôpital public qui paie la facture pour le bien être de ses patients. Les HCL sont le premier établissement à coordonner un projet de recherche de cette envergure sur un produit de santé issu de l’impression 3D médicale. Dans le cadre de cette étude, une cinquantaine de patients dans une dizaine de centres en France pourront bénéficier de cette technologie coûteuse mais d’avenir.
De nombreux avantages en faveur de la pose de prothèse 3D
« On constate une nette amélioration à la fois fonctionnelle et esthétique pour les patients avec une diminution des orbites enfoncées et de la vision double ». explique Dr Jean Thomas BACHELET chirurgien du service de chirurgie maxillofaciale et stomatologie à l'hôpital de la Croix-Rousse, « et par rapport à la prise en charge actuelle par autogreffe » complète-t-il « la prothèse 3D permet une réduction du temps opératoire et des zones opérées ainsi que moins de handicaps durables liés aux traumatismes orbitaires ».
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