Comment les orthophonistes restaurent la confiance des patientes (et des patients) ?

La paralysie faciale périphérique touche entre 20 et 30 personnes pour 100 000 habitants. Son pic d’incidence est entre 15 et 45 ans, sans distinction de sexe. On parle de paralysie faciale périphérique lorsqu’il existe une atteinte du nerf facial⁽¹⁾ après son émergence du tronc cérébral⁽²⁾. Sa forme idiopathique, qui survient soudainement et sans cause apparente, est la plus fréquente et serait due à une réactivation virale préexistante. Dans 70 % des cas, les patients récupèrent de façon homogène dans les deux mois. En revanche, si la lésion du nerf est trop importante, les patients vont garder des séquelles plus ou moins importantes.

« Dans ce cas, le pronostic de la récupération est “bon” à “péjoratif” », précisent Luna Denoix et Julie Penavayre, orthophonistes avec Laurraine Cazale dans le service ORL de l’hôpital Lyon Sud.

Des paillettes dans les yeux

Depuis cette année, des ateliers de maquillage correcteur sont proposés aux patientes et patients du service. Ils sont le fruit d’un partenariat avec un laboratoire dermatologique. La formation, qui s’est déroulée en décembre 2023, a été délivrée par une maquilleuse professionnelle. Elle a réuni les équipes soignantes en ORL de Lyon Sud, de la Croix-Rousse et de l’hôpital Edouard Herriot. Les premiers ateliers individuels ont connu un vif succès.

« Après la séance de maquillage, les patientes avaient des paillettes dans les yeux », se réjouit Luna Denoix, à l’initiative du projet. C’est pourquoi, depuis mars 2024, des ateliers collectifs ont été lancés.

Les séquelles de la paralysie faciale (rigidité, ouverture oculaire permanente, fuites salivaires, etc.) modifient le rapport à l’autre et à soi-même. Leur impact retentit dans toutes les dimensions de la vie personnelle et professionnelle. Le maquillage

correcteur vise à réduire les séquelles du visage au repos et aussi en mouvement, par exemple en estompant ou en accentuant telle zone par les techniques d’unification du teint et du jeu entre ombre et lumière. Le moyen de récupérer la confiance en soi, de s’accepter et d’améliorer d’autant sa qualité de vie.

Cette nouvelle offre de soin s’inscrit dans une prise en charge globale de rééducation par les orthophonistes, complétée si besoin par un protocole d’injections de toxine botulique réalisées avec un ORL spécialisé dans la prise en charge de la paralysie faciale.

Consultation pluridisciplinaire

Chaque année, le service d'ORL, de chirurgie cervico-faciale et d'audiophonologie pédiatrique de l'hôpital Lyon Sud, dirigé par le Pr Stéphane Tringali, prend en charge près de 3 000 patients atteints de paralysie faciale périphérique. Dans ce service, les orthophonistes forment un binôme avec les médecins lors des consultations.

« Cette pluridisciplinarité est très pertinente pour le patient qui obtient dans la même consultation la réponse à toutes ses questions et repart avec un traitement médical et paramédical complet », souligne Luna Denoix.

Employée à temps plein, elle ne cache pas sa satisfaction d’avoir la possibilité de développer des projets soignants. Dans les prochains mois, elle prévoit de suivre une formation universitaire pour lancer des programmes de recherche paramédicale avec, toujours en ligne de mire, l’amélioration de la qualité de vie des patients.

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Dans la même consultation, le patient repart avec un traitement médical et paramédical complet. Luna Denoix, orthophoniste

↘ 1 Le nerf facial commande les muscles du visage et assure la perception du goût et la sécrétion des glandes salivaires, nasales et lacrymales. On compte un nerf facial pour chaque partie du visage, raison pour laquelle les symptômes apparaissent sur l’une ou l’autre moitié de la face.

↘ 2 Lorsqu’il existe une atteinte cérébrale en amont du tronc cérébral, par exemple à la suite d’un accident vasculaire cérébral, on parle de paralysie faciale centrale.