Perturbateurs endocriniens : adopter les bons gestes
Aurélie Portefaix, pédiatre à l’hôpital Femme Mère Enfant, explique les effets néfastes des perturbateurs endocriniens sur la santé. Elle donne également des gestes pour réduire notre exposition, à la maison comme à l’hôpital.
Intervenante
Aurélie Portefaix, pédiatre à l’hôpital Femme Mère Enfant.
Transcription
La bonne nouvelle, c'est qu'on peut tous agir pour diminuer notre exposition aux perturbateurs endocriniens avec des petites actions toutes simples.
Les perturbateurs endocriniens sont présents partout. Il y en a dans l'alimentation, dans l'air extérieur, mais surtout à l'intérieur. Il y en a aussi dans les cosmétiques, dans les produits détergents, dans les fournitures scolaires. Les perturbateurs endocriniens ont des effets sur l'organisme qui sont maintenant plutôt bien démontrés. Que ce soit une augmentation des risques d'obésité, de troubles du cholestérol, de puberté précoce ou de troubles de la fertilité, ils peuvent aussi avoir des effets sur la réponse vaccinale ou l'asthme, ou les troubles du neurodéveloppement.
Classification
Un perturbateur endocrinien, c'est une substance ou un mélange de substances qui agissent sur les fonctions endocriniennes et même les fonctions métaboliques d'un individu ou de sa descendance. C'est un ensemble très hétérogène de composés qui peuvent être soit naturels, soit chimiques, et qui peuvent être classés au moins de deux manières : un, sur le temps qu'ils passent dans l'organisme.
Certains perturbateurs endocriniens sont à demi-vie longue, ça veut dire qu'ils restent longtemps dans le corps, comme par exemple les PFAS qu'on a ici à Lyon. D'autres ont une demi-vie courte, c'est-à-dire qu'ils sont excrétés dans les urines entre trois et cinq jours. C'est le bisphénol A, les phtalates et les parabènes. Ça, c'est la première façon de les classer.
La deuxième façon, c'est par leur mécanisme d'action. Certains perturbateurs endocriniens peuvent aller mimer l'effet d'une hormone, d'autres vont bloquer l'effet de l'hormone. Et enfin, le troisième type va entraîner des modifications qu'on dit épigénétiques, c'est-à-dire des modifications de parties non codantes de l'ADN qui seront transmises à la descendance.
Recommandations
Qu'est-ce qu'on peut faire ? Aérer. Aérer tous les jours, au mieux deux fois par jour, 5 à 15 minutes. Ça améliore la qualité de l'air intérieur. Savez-vous que l'air intérieur est 3 à 5 fois plus pollué que l'air extérieur ? Alors... Et la deuxième, c'est lutter et limiter les plastiques.
Les plastiques, il y en a partout, mais quand vous les mettez au micro-ondes, les contenants en plastique libèrent du plastique qui va contaminer vos aliments. Vous mangez à peu près l'équivalent d'une carte bleue en plastique toutes les semaines. Donc évitez les plastiques.
Choisissez les produits avec les listes d'ingrédients les plus courtes et des ingrédients que vous connaissez. Le propre n'a pas d'odeur. Si vous choisissez du savon de Marseille ou du vinaigre blanc, c'est très bien. Pareil pour les cosmétiques. Les cosmétiques peuvent contenir des perturbateurs endocriniens cachés dans les mots "fragrance" ou "parfum". Dernière chose, les bouteilles en plastique des gels douche sont en plastique mou.
Qu'est-ce qui rend ce plastique mou ? Les phtalates. Et qu'est-ce que vous faites dans votre douche ? Vous mettez de l'eau chaude. L'eau chaude va favoriser le transfert des plastiques contenus dans la bouteille vers le contenu que vous mettez directement sur votre peau. Les pains de savon sont meilleurs pour votre santé et souvent moins chers.
Les actions aux HCL
Aux Hospices Civils de Lyon, nous mettons en place des actions pratiques pour lutter contre les perturbateurs endocriniens. Nous veillons à bien aérer les chambres des patients. Nous diminuons les contenants en plastique pour l'alimentation et pour les achats. Nous choisissons les produits qui contiennent le moins de perturbateurs endocriniens.
On a mis en place des ateliers de formation et de sensibilisation des professionnels, mais aussi des patients, aux perturbateurs endocriniens. Par exemple, une chambre pédagogique a été ouverte à la Croix-Rousse pour montrer aux futurs parents et aux parents quelles sont les actions bénéfiques en termes de santé pour leurs enfants.