Le point sur les formes longues de Covid
L’OMS le définit comme la persistance ou la résurgence de symptômes très diversifiés après une infection initiale, souvent peu sévère, par le Sras-CoV-2. Des symptômes qui durent au moins trois mois sans pouvoir être expliqués par d'autres diagnostics, et impactant le quotidien des patients.
Deux millions de personnes impactées par la maladie
En France, le Covid long atteint entre 6 et 9 % des personnes infectées, soit « deux millions de personnes, avec un gradient de sévérité variable », informe la Pr Sophie Jacquin-Courtois, PUPH en médecine physique et réadaptation à l’hôpital Henry Gabrielle.
La variété des symptômes et leur caractère fluctuant en font une maladie complexe : un épuisement anormal, des troubles inflammatoires qui peuvent être présents dans n’importe quel organe, des douleurs diffuses, des troubles cognitifs et, parce que la maladie est méconnue, souvent sous-diagnostiquée, et à ce jour sans réel recul évolutif, des troubles anxieux voire dépressifs réactionnels. Il s’agit habituellement de patients jeunes, sans comorbidité majeure et ayant présenté une forme initiale de Covid modérée. « Les femmes sont plus impactées que les hommes, avec une prévalence de deux tiers pour un tiers », précise la médecin. Le retentissement fonctionnel peut être majeur, limitant ou empêchant la poursuite des activités et occupations quotidiennes, personnelles comme professionnelles.

Des recherches en cours pour comprendre la maladie
À la demande de l’agence régionale de Santé (ARS), une filière a été mise en place aux HCL en 2022. Depuis, la Pr Jacquin-Courtois a diagnostiqué 150 patients, à raison de un à deux rendez-vous par semaine en moyenne.
« Une heure et demie est nécessaire pour évaluer le patient dans sa globalité. Le Covid long est invisible sur les IRM et dans les analyses sanguines, comme si nous étions devant un orchestre sans chef d’orchestre : tous les instruments sont opérationnels mais il manque la régulation et l’harmonie. »
Après consultation, une prise en charge libérale peut être proposée et, si nécessaire, le patient est orienté vers l’hôpital de jour pour une prise en charge de groupe pluridisciplinaire (médecins, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, enseignants d’activité physique COVID adaptée, psychomotriciens, psychologues et neuropsychologues, infirmières). « Le patient peut alors échanger avec des personnes qui vivent les mêmes symptômes. Il n’est plus seul face à la maladie et avec sa détresse psychologique. Le traitement consiste surtout à l’aider à comprendre son nouveau fonctionnement et à mettre en place des stratégies de compensation. » Cinq grandes pistes sont explorées pour expliquer les origines de la maladie. Pour l’heure, plusieurs facteurs sont évoqués tels que « la persistance virale, les hypothèses immunitaires et inflammatoires, une dérégulation du système nerveux autonome, une dérégulation du microbiote, des atteintes microvasculaires ».
Des recherches en cours avancent sur la voie de la compréhension d’une pathologie qui reste encore difficile à cerner. « La recherche fondamentale pose beaucoup de questions et est très active mais n’a pas encore trouvé les réponses qui nous permettraient de décliner une nouvelle thérapeutique », indique Sophie Jacquin-Courtois, investie par ailleurs dans un programme de recherche mené au sein du laboratoire Trajectoires du Centre de recherche en neurosciences de Lyon (Inserm/CNRS).
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