Aux HCL, les odontologistes font avancer le soin des patients diabétiques

La parodontite, ou inflammation du parodonte, est une maladie immuno-inflammatoire d’origine bactérienne. La maladie se caractérise au niveau buccal par des saignements gingivaux, une alvéolyse (perte osseuse) et une mobilité dentaire, pouvant aboutir, sans traitement, à la perte des dents.

Environ 750 millions de personnes dans le monde sont atteintes de parodontite(1). Les stades les plus sévères concernant plus de 10 % de la population mondiale.

Une maladie récidivante

Le diabète touche actuellement plus de 415 millions de personnes dans le monde, un nombre qui pourrait s’élever à 642 millions en 2040. La pathologie se caractérise par une mauvaise utilisation de l’insuline par l’organisme. Il en résulte une hyperglycémie (quantité anormale de glucose ou sucre dans le sang) entraînant des complications vasculaires et nerveuses.

Depuis les années 90 (2), l’association des deux pathologies ainsi que la relation entre l’inflammation parodontale et les niveaux glycémiques, sont bien documentées. Depuis 2019, le bilan parodontal et les premières étapes du traitement parodontal des patients diabétiques de types 1 et 2 sont remboursés par l’Assurance maladie. Le suivi à long terme de la pathologie en revanche ne donne pas droit à une exonération pour ces patients en affection de longue durée (ALD).

Or, la parodontite est une maladie récidivante et son suivi est indispensable tout au long de la vie.

Les praticiens d’odontologie aux HCL traitent chaque année environ mille patients atteints de parodontite. De la clinique au laboratoire, en passant par les ateliers d’éducation thérapeutique, ces spécialistes interviennent à chaque étape du parcours de soin, en lien avec les diabétologues. Kerstin Gritsch, Brigitte Grosgogeat, toutes deux professeures des universités et praticiennes hospitalières (HCL/Lyon 1) et Valérie Szonyi, cheffe de clinique des universités assistante hospitalière, mènent actuellement une investigation, dont les HCL sont le promoteur principal, dans l’objectif d’évaluer l’impact du suivi parodontal sur l’équilibre glycémique.

Innovation et patient partenaire

Inédit en France, l’essai prévoit d’inclure 516 patients à partir de septembre 2024 et pour un suivi de deux ans après traitement de leur parodontite. Une durée longue au regard du déficit d’adhésion dans le temps de la majorité des patients constaté par les chirurgiens-dentistes. « Seulement 37 % des patients diabétiques se rendent chez leur chirurgien-dentiste, examen pourtant recommandé par la Haute autorité de santé », illustre Valérie Szonyi.

Financée par la direction générale de l’offre de soins, l’étude comparera un suivi innovant (par SMS, mail, application dédiée rappelant les conseils d’hygiène bucco-dentaire) et le suivi standard (visite de suivi tous les trois mois). « Sept centres hospitaliers et six cabinets libéraux répartis sur le territoire hexagonal participent à l’essai », précise Kerstin Gritsch, investigatrice principale. Seront également inclus un patient partenaire diabétique et des professionnels du CHU.

Cette recherche, qui entre dans le cadre d’un programme de recherche sur la performance du système des soins, pourrait ainsi faire évoluer les prises en charge au bénéfice de tous les patients diabétiques de France.

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Kerstin Gritsch, Valérie Szonyi, Brigitte Grosgogeat

↘ 1 Ensemble des tissus soutenant la dent : os alvéolaire, cément, ligament alvéolo-dentaire et tissu gingival.

↘ 2 https://doi.org/10.1111/jcpe.12808. En 2018, un consensus conjoint est trouvé entre l’European Federation of periodontology et l’International diabetes Federation.

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