CRPPE de Lyon : comprendre les liens entre santé, travail et environnement
« Nous posons des diagnostics sur des pathologies qui peuvent être en lien avec le travail ou l’environnement, et nous rendons des avis aux médecins du travail et aux généralistes, notamment sur l’aptitude au poste », explique la Pr Barbara Charbotel, responsable du Centre à Lyon. Ici, les consultations s’appuient sur un recueil long et détaillé de l’histoire personnelle, professionnelle et médicale du patient, parfois complété par des recherches bibliographiques. Les cas alimentent la base nationale RNV3P (pour réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles et environnementales), contribuant à la veille sanitaire et à la valorisation scientifique. Le CRPPE de Lyon travaille en réseau avec les centres de Clermont-Ferrand, Grenoble et Saint-Étienne, financés par l’agence régionale de santé via un contrat de mission d’intérêt général.
À Lyon, les pathologies et domaines les plus étudiés incluent les cancers, les pneumopathies interstitielles diffuses, les dermatoses allergiques, et aussi l’épilepsie et la santé mentale. « Les pathologies psychiques au travail ne sont pas nouvelles, mais leur complexité a évolué avec les organisations, le télétravail, les conditions de travail dégradées et, plus globalement, les difficultés sociétales », observe-t-elle. « Une consultation aux HCL, assurée par la Dr Ludivine Nohales, psychiatre, est dédiée aux soignants et aux hospitaliers. La santé mentale des professionnels dans ce secteur est un enjeu important. »
Les médecins du centre sont confrontés à des situations très variées. Les exemples abondent : une femme atteinte d’un mésothéliome, exposée indirectement à l’amiante via les vêtements de son mari ; une retraitée non fumeuse atteinte d’un cancer pulmonaire s’interrogeant sur l’impact du perchloroéthylène utilisé dans le pressing où elle a travaillé une grande partie de sa vie professionnelle. « Après vérifications scientifiques, j’ai écarté le risque du perchloroéthylène et ai évoqué l’exposition à la pollution urbaine. »
L’environnement, un sujet de préoccupation croissant
« Depuis 2020, nous recevons environ 10 % de demandes liées à l’environnement. » PFAS, particules fines, pesticides, solvants … Les substances en cause sont nombreuses, mais les preuves souvent difficiles à établir. « À l’échelle individuelle, imputer une maladie à une unique cause est complexe. La plupart du temps, l’origine des maladies est multifactorielle, c’est pourquoi la preuve formelle est difficile à établir. Mais on peut soulever une probabilité, s’appuyer sur des données épidémiologiques et proposer des conseils. » Le CRPPE collabore étroitement avec les services de santé au travail. Il peut rendre des avis spécialisés, proposer des suivis, voire accompagner les déclarations de maladie professionnelle. « Il est essentiel de mieux faire connaître notre centre, car certains patients pourraient bénéficier de nos expertises. Certaines pathologies, comme la maladie de Parkinson, sont liées aux pesticides, mais nous voyons très peu de patients concernés, faute de liens établis avec d’autres spécialités comme la neurologie. »
En 2024, un nouveau programme a vu le jour : la prévention des troubles de la reproduction en lien avec l’exposition à des substances toxiques. Grâce à un financement de l’ARS, Marie-Pierre Peyrière, sage-femme, a pu être recrutée. Elle assure des consultations à partir de questionnaires envoyés aux couples suivis en PMA ou en grossesse pathologique. « En trois mois, 270 questionnaires ont été envoyés, 60 couples ont répondu, 40 ont été vus en consultation. » À terme, 1 000 questionnaires par an sont prévus.
Enfin, la recherche complète cette activité clinique. Les médecins, en lien avec les universités Lyon 1 et Gustave Eiffel, collaborent à l’unité Umrestte (pour unité mixte de recherche épidémiologique et de surveillance transport travail environnement, UMR 4506). « Nous travaillons sur le bruit, la pollution, la santé mentale ou encore le cancer de la prostate avec le projet Capessa qui s’intéresse spécifiquement aux cancers chez les professionnels de santé, à partir de bases nationales », indique la cheffe de service. Pour cette dernière étude, collaborent la Dr Marie Viprey du Pôle de Santé publique des HCL, le Pr Julien Peron, oncologue et la Dr Céline Lamouroux, assistante cheffe de clinique à l’hôpital Lyon Sud.
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