Extraordinaire transfert de patients vers l'hôpital Pierre Garraud
Plongez au cœur du transfert des patients de l'hôpital Antoine Charial vers l'hôpital Pierre Garraud. Témoignages en images...
> Reportage photo sur la page facebook des HCL
Mardi 2 février, matin – Hôpital Antoine Charial
Il est 8h00. L’hôpital est en ébullition. C’est le 1er jour du transfert des patients. Toute la journée, trois des cinq unités seront transférés vers l’hôpital Pierre Garraud, soit au total 90 patients.
Dehors, les ambulances, VSL ou véhicules adaptés pour le transport de personnes à mobilité réduite (TPMR) arrivent. Les portes s'ouvrent, claquent, les discussions et les rires fusent. Ambulanciers et brancardiers sont prêts à attaquer la journée avec une bonne humeur et une bienveillance qui ne les quitteront pas. Le 1er départ est prévu à 8h30 et ils s'enchaîneront toutes les demi-heures jusqu'à 15h45.
Dedans, Monique est déjà arrivée dans la salle d'animation, point de départ du transfert. Elle fait partie des 3 premiers patients à prendre la route vers leur nouveau lieu de vie. Elle est prête à partir, avec un carton contenant les objets qu'elle a souhaité garder avec elle. Ses autres affaires l'attendent déjà dans sa nouvelle chambre à l'hôpital Pierre Garraud. Et quand on lui demande ce qu'elle pense du transfert, la réponse ne se fait pas attendre :
Je suis de nature à être contente de tout. Je me dis qu'un nouveau bâtiment comme ça, plus moderne, ça peut être que positif !
Monique
Au 2ème étage, dans les unités, tous les professionnels sont mobilisés et organisés pour faire en sorte que le transfert se passe sans encombre.
A situation exceptionnelle, missions exceptionnelles ! Guylène et Carole (infirmière et aide-soignante) se sont renommées pour la journée « coordinatrices en chef » ! Leur rôle ? Vérifier que les patients quittent leur chambre avec toutes leurs affaires (cartons, papiers, masques...) et s'assurer qu'il n'y ait pas d'erreur d'aiguillage.
Une nouvelle vérification est ensuite effectuée par Géraldine et Sandra (animatrice et enseignante en activité physique adaptée), lorsque les patients quittent définitivement l'unité avec les ambulanciers. Ces « mesdames loyales » valident le départ du patient et transmettent l'information à l’hôpital Pierre Garraud.
Géraldine et Sandra
Jennifer, quant à elle effectue le nursing pour que : « tous les patients puissent avoir leurs soins avant de partir. C'est essentiel. Même dans cette situation, nous devons assurer la continuité des soins.»
Séverine et Arame, ASH, nous racontent : « Nous sommes les dernières résistantes de l'hôpital ! Aujourd'hui tout a changé. On descend les patients jusqu'aux véhicules, puis on remonte nettoyer leur chambre pour les laisser vides et propres. Ça fait bizarre...»
Séverine et Arame
L'atmosphère est calme et les transferts de patients se poursuivent sans embûche. Chacun sait précisément ce qu'il doit faire. Par moments, on entend de la musique qui se rapproche. C'est Magali, cadre de l'unité B2, et son portable coincé dans sa blouse qui enchaîne les playlists : « Ici c'est comme ça, on est une famille et on aime faire la fête ! »
Magali et son équipe (Jennifer, Carole, Zoé et Guylène)
Huguette attend d'être transférée en compagnie de Magali
Au détour d'un couloir, nous rencontrons Françoise et Isabelle. Elles travaillent à l'hôpital Antoine Charial depuis 36 et 18 ans. Quand on les interroge sur le transfert, on sent l'émotion qui les gagne :
« Ça me fait un petit pincement au coeur de quitter Charial, ça fait tellement longtemps que je suis là ! Mais je suis allée visiter le nouveau pavillon à Pierre Garraud. C'est neuf et moderne alors c'est mieux pour les patients. Il faut avancer », raconte Françoise.
Isabelle enchaîne : « C'est vrai qu'après toutes ces années on est émues de partir mais je suis quand même contente. Et puis, je vais retrouver des ami.e.s là-bas ! »
Françoise et Isabelle
Mardi 2 février, après-midi – Hôpital Pierre Garraud
Après l'enchaînement des départs à Antoine Charial, ce sont les arrivées qui se succèdent à Pierre Garraud. Et dans le nouveau pavillon Philomène Magnin, on sait recevoir ! Un comité d'accueil constitué de différents professionnels (cadres, directeurs, psychologue, psychomotricienne...) souhaite la bienvenue à chaque nouveau patient, sur fond musical.
Arrivée d'un patient au pavillon Philomène Magnin à l'hôpital Pierre Garraud
Le comité d'accueil
Quant aux ambulanciers, ils n'ont rien perdu de leur prévenance et sont aux petits soins pour accompagner chaque patient jusqu'à son lit.
Huguette arrive dans sa nouvelle chambre
Nous retrouvons Monique, qui s'est installée dans sa nouvelle chambre. Cadres photos, livres, mots fléchés... Chaque objet a déjà trouvé sa place !
« Le transfert en minibus s'est très bien passé. J'ai eu un repas froid à midi, comme les personnels. J'ai une belle vue depuis ma chambre, et puis au printemps le parc doit être joli quand il est fleuri.»
L'après-midi se poursuit pour les équipes qui prennent leurs marques petit à petit, entre briefings, déballage de cartons, soins et accompagnement des patients-résidents qui se sentent, pour certains, un peu perdus ou mélancoliques.
À la fin de la journée nous retrouvons Corinne, cadre supérieure très impliquée dans l'organisation de ce transfert.
« Je suis très heureuse de voir que tout le travail d'organisation fait pour préparer l'arrivée des résidents a porté ses fruits. La journée s'est déroulée avec très peu d'aléas et de problèmes à régler. Il y a eu une bonne coordination de tous les professionnels mobilisés. Maintenant, il nous reste un travail à faire pour accueillir et faciliter l'adaptation des patients et des professionnels à ce nouveau lieu. Il faut que ce bâtiment trouve son âme.»
Mercredi 3 février, matin – Hôpital Pierre Garraud
À 9h00, nous démarrons la journée avec le Dr Grégoire Ollagnier :
« Cette première nuit s’est bien passée. Il n’y a pas eu d’incident particulier. En plus de tout le travail effectué en amont du déménagement, les équipes ont installé certaines chambres avant l’arrivée des résidents en mettant sur le lit des objets qu’ils aiment bien comme une peluche, un livre, une photo. Ce sont des petites attentions pour qu’ils se sentent bien à l’arrivée. Mais il va falloir qu’ils s’habituent petit à petit.
Nous retrouvons ensuite Monique, que nous avons suivie la veille : « J’ai dormi comme une masse ! C’est rare, d’habitude je dors toujours très mal ! ». Bernadette, elle, est un peu déçue car le son de la télé ne fonctionne pas : « À Charial on était mieux, on avait au moins la télé ». Un petit problème technique qui devrait être réglé dans la journée.
Monique et Pauline, aide-soignante
Quant aux professionnels, ils s’affairent pour réaliser leur tour de soins, préparer les repas... Pour eux aussi, leurs habitudes sont chamboulées et ils prennent leurs marques petit à petit : « Où sont les cotons ? », « La chambre de Mme T., elle est où ? », « Quelqu’un a le code du local ? », « C’est tellement grand que je pourrais m’acheter des rollers ! ».
Karine, aide-soignante, nous explique : « C’est le premier jour alors on perd un peu de temps mais je suis quand même contente. C’est neuf et grand, pour les patients c’est bien. »
Les arrivées se poursuivent
Ce matin c'est au tour des deux dernières unités de prendre possession des lieux. Soit le transfert de 60 patients-résidents.
Nous rencontrons le Dr Aziza Waissi, médecin responsable des deux unités : « Je viens d’arriver à Pierre Garraud. Je suis partie ce matin d’Antoine Charial en accompagnant une patiente très fragile dans l’ambulance. Mais tout s’est bien passé ! Nous avons énormément travaillé pour préparer le transfert, c’était bien organisé et je n’ai pas vu trop d’inquiétudes chez mes patients. »
Prendre soin des patients et des professionnels
Le nouveau pavillon comprend 180 chambres individuelles, dont 12 communicantes pour accueillir des couples, des espaces communs de convivialité, des cuisines thérapeutiques, deux patios et deux terrasses à usage thérapeutique et de détente. Tous ces espaces ont été conçus pour améliorer la prise en charge des patients. Le moindre détail a été pensé avec les équipes : poignées de porte adaptées, lits surbaissés, fenêtres sécurisées ouvrables dans chaque chambre, miroir incliné pour les personnes en fauteuil, douche au lit du patient, mobilier chaleureux, etc. Ici, autant que de soins, on parle de qualité de vie.
Au moment de la distribution des repas en chambre, nous croisons Isabelle l’ASD que nous avons rencontrée hier. Elle utilise pour la première fois le chariot de plateaux-repas motorisé, flambant neuf. Il permet de garder les repas au chaud pour que les patients puissent les déguster à bonne température.
« Ce chariot illustre la démarche que nous avons engagée pour améliorer les conditions de travail de nos personnels. Ils sont moins lourds à pousser car ils sont automatisés et avancent donc presque tout seuls. Ils sont aussi moins hauts ce qui permet d’avoir une meilleure visibilité dans les couloirs. 2 des 4 chariots sont motorisés. C’est une première aux HCL. » commente Carole, conseillère en conditions de travail.
D’autres aménagements ont été faits au sein du pavillon pour limiter la pénibilité au travail et prévenir les troubles musculo-squelettiques. On note par exemple l’installation de chaises à roulettes à la salle-à-manger, de chaises de douche réglables en hauteur et inclinables ou encore de chaises pot qui s’adaptent aux toilettes.
Après une matinée riche en découvertes, nous laissons professionnels et patients trouver leurs marques et prendre leur rythme.
Mercredi 3 février, après-midi – Hôpital Antoine Charial
Il est 14h00. Autre décor, autre ambiance. Après l’effervescence du matin, le calme qui règne à l’entrée d'Antoine Charial nous surprend… Nous mettons le cap vers les étages pour rencontrer les « résistants », les deux dernières unités à être transférées.
Arrivés au 3ème étage, l’ambiance est toute autre ! Sandra, la « madame loyale » mais avant tout animatrice, s’est en plus improvisée DJ pour l’occasion. La voix de Céline Dion résonne dans le service presque vide, et réchauffe le cœur des professionnels et des patients. L’équipe pousse la chansonnette et improvise quelques pas de danse pour le plus grand bonheur des deux dernières patientes, qui attendent de rejoindre Pierre Garraud.
Ce n’est qu’un au revoir
À 15h00, elles sont prêtes à quitter l’hôpital Antoine Charial. Un départ qui se fait en grande pompe, sous les applaudissements de l’équipe et les klaxons des ambulanciers !
Dehors, les professionnels présents sont là pour assister au dernier départ, et graver dans leur mémoire cette image qui signe la fin d’une époque. L’émotion est vive et quelques larmes s’invitent à l’événement.
Dans l’unité C4, les derniers patients sont partis. Il ne reste plus qu’une partie de l’équipe qui s’apprête à prendre elle aussi la route vers l’hôpital Pierre Garraud, pour rejoindre, dès cet après-midi, leurs patients et les accompagner dans leur installation. C'est le cas du Dr Assia Bentabak, chef de service adjointe, qui a déjà son sac à l'épaule et s'apprête à quitter définitivement Antoine Charial :
« C’est beaucoup d’émotion de voir toutes ces unités vides. Je suis particulièrement touchée car cette année avec le Covid on a vécu des moments très difficiles. On a eu la chance d’avoir des équipes soudées et de pouvoir avancer tous ensemble. On était une famille.»
« C’était plus facile pour les équipes qui sont parties hier. Aujourd’hui c’est nous qui fermons l’hôpital, on a les larmes aux yeux et certaines ont pleuré ! », témoigne Roselia, ASD.
Marie-Françoise, cadre des deux unités dresse un premier bilan : « Nous avons énormément travaillé en amont pour que le déménagement se passe bien. Aujourd’hui je suis très contente car nous n’avons pas eu de problème majeur, tout s’est déroulé au mieux. »
Clap de fin
Il est 16h00. Nous retrouvons Isabelle, directrice de l’hôpital Antoine Charial, qui effectue un dernier tour dans les unités. Accompagnée de Marie-Françoise, toutes deux vérifient que les lumières sont bien éteintes, les alarmes d’appels débranchées, et dressent l’inventaire du matériel qu’il reste à faire enlever.
Une fois les vérifications effectuées, c’est le moment fatidique : la fermeture définitive des portes de chaque unité.
Une page se tourne, mais une autre a d’ores et déjà commencé à s’écrire à l’hôpital Pierre Garraud.
L’hôpital Pierre Garraud : un établissement de référence et d’excellence
Avec l’ouverture d’un nouveau pavillon et l’accueil de 180 nouveaux patients-résidents en soins de longue durée, l’hôpital Pierre Garraud compte désormais 305 lits de SLD et 153 lits de soins de rééducation et réadaptation (SSR). Il se positionne comme un établissement de référence en gériatrie, au sein de la métropole lyonnaise. Cette masse critique permet au service de développer un projet médical ambitieux fait de recherche et d’innovation impliquant et valorisant les professionnels de chaque métier, pour une prise en charge du patient dans sa globalité. Par exemple :
- Développer la recherche en lien avec le centre de recherche clinique de l’institut du vieillissement et tous les services de SLD des HCL, par l’analyse de l’impact du Tovertafel* sur les patients apathiques, anxieux ou atteints de troubles cognitifs.
- Renforcer la coopération avec les équipes mobiles des soins palliatifs.
- Mettre en place la télé-expertise dentaire, en coopération avec le pôle d’odontologie des HCL, pour améliorer la prévention tout en évitant aux patients certains déplacements.
- Améliorer le dépistage des cancers cutanés en télé-expertise dermatologique.
Crédits photos : © Christophe Pouget
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