Il y a 20 ans : première greffe des deux mains

Le 13 janvier 2000, il y a tout juste 20 ans, Denis Chatelier, un ancien peintre en bâtiment, bénéficiait de la première greffe des deux mains à l'hôpital Edouard Herriot, une première mondiale.

Depuis, six autres patients ont été greffés au sein des Hospices Civils de Lyon en collaboration avec la clinique du Parc de Lyon. Une intervention reposant sur un acte chirurgical complexe mené par une équipe pluridisciplinaire et une thérapie immunosuppressive qui doit être prise toute sa vie par le patient et qui l’expose à des complications médicales liées à la diminution de ses défenses immunitaires et à la toxicité des médicaments utilisés. 

Le 13 janvier 2000 : naissance d'une prouesse chirurgicale

L’opération, menée par le professeur Jean-Michel Dubernard, était une première mondiale à l’époque.

Aujourd’hui, à 54 ans, Denis Chatelier va très bien. Il est capable d’effectuer avec ses mains la majorité des gestes de la vie quotidienne. Il est toujours suivi à l’hôpital Edouard Herriot pour son bilan annuel et reste sous la surveillance de l’équipe médicochirurgicale pour la prévention du rejet et des complications possibles liées à l’immunosuppression.

 

Une intervention hors normes

Elle se prépare plusieurs mois à l’avance et réunit au bloc opératoire une équipe de pas moins de 25 personnes, parmi lesquelles des chirurgiens de spécialités variées (orthopédie, transplantation, vasculaire), des anesthésistes, des assistants, des infirmier.e.s et des aides-soignant.e.s. L’intervention dure plus de dix heures encore aujourd’hui. 

L'importance du suivi et de la rééducation

Le suivi psychologique fait également partie intégrante de la prise en charge. En amont de l’intervention, un ou plusieurs entretiens psychiatriques permettent de repérer les risques psychologiques liés à la transplantation et d’évaluer la capacité du patient à faire face à toutes les difficultés à venir. Les patients sont ensuite suivis tout au long de leur parcours à l’hôpital et pendant leur rééducation. « Les individus passent du statut de personne handicapé à potentiel malade, explique le Pr Emmanuel Morelon, chef du service de transplantation, néphrologie et immunologie clinique à l’hôpital Edouard Herriot, c’est pourquoi la sélection des candidats à la greffe est primordiale ».

Pendant l’intervention, les patients sont placés sous immunosuppresseurs de façon à éviter les risques de rejet. La rééducation démarre toujours très vite, dès le lendemain souvent, au lit du malade. Elle durera en moyenne trois ans. 

S’il ne s’agit pas d’organes vitaux, la greffe de mains et plus largement de tissus composites, « redonne la vie » aux patients en leur offrant une existence sociale. « Ça change tout », confirme Jean-Michel, greffé en 2016 :

« Je fais tout mais pas bien : j’arrive à manger, à faire mon ménage… Je n’ai pas beaucoup de force pour couper de la viande alors je prends plutôt du steak haché. Mais je suis content d’avoir ces mains. Ça change tout, quand j’ai envie de prendre quelqu’un dans mes bras. Et le regard des gens n’est pas le même. Avant, certains se détournaient. »

L'espoir d'une greffe malgré le manque de donneurs

C’est après avoir entendu parler de la 1re greffe de mains réalisée à Lyon en 2000 que Felix a décidé d’emménager à Lyon il y a 7 ans maintenant, dans l’espoir d’une greffe qui changerait sa vie.

Après avoir obtenu l’accord des médecins sur une potentielle transplantation à la suite de multiples examens médicaux et psychologiques et après avoir surmonté une série d’obstacles administratifs, il est inscrit sur liste d‘attente depuis 3 ans et demi maintenant et attend toujours un donneur. Sa femme Sylwia le soutient, expliquant que « le plus important, c'est qu'il puisse accomplir son rêve. Pour lui, il n'y a aucune autre option, aucune possibilité d'aller en arrière. »

Le manque de donneurs
Le problème principal, c’est le manque de greffons. Les durées d’attente sur liste n’ont cessé d’augmenter, jusqu’à atteindre plus de 3 ans pour Felix aujourd’hui. Les médecins greffeurs de Lyon travaillent avec l’agence de biomédecine pour dynamiser les filières du don d’organes et mobiliser les coordinations de prélèvement sur cette nouvelle activité en informant les acteurs du prélèvement d’organes des résultats de la greffe et des besoins. La détermination de Felix reste malgré tout intacte, comme en témoigne cette vidéo.

Dernière mise à jour le : lun 26/02/2024 - 16:44