Syndrome de Marfan et maladies apparentées

Résumé
Le syndrome de Marfan et les syndromes apparentés forment un groupe de maladies génétiques rares du tissu conjonctif qui se caractérisent par une combinaison variable d’atteintes cardiovasculaires (dilatation ou dissection de l’aorte), ophtalmologiques (luxation du cristallin) et musculo-squelettiques (grande taille, grande envergure, grandes mains, scoliose, déformation du thorax …). Sa prévalence est estimée à 1/5 000.

Qu’est-ce que le syndrome de Marfan ?

Le syndrome de Marfan affecte environ 1 personne sur 5 000, soit environ 12 000 patients en France, sans distinction de sexe ou d’origine ethnique. Il s’agit d’une maladie héréditaire liée au gène FBN1 qui se transmet de manière autosomique dominante, ce qui signifie qu’un parent atteint a 50 % de risque de transmettre la maladie à son enfant. Une copie du gène FBN1 étant héritée de chaque parent, le terme « dominant » signifie qu’une seule copie altérée suffit pour que la maladie se manifeste. Dans environ un quart des cas, la mutation est absente chez les parents et apparue de novo chez le patient.

Quels sont les signes du syndrome de Marfan ?

De nombreux signes peuvent révéler un syndrome de Marfan ou un syndrome apparenté. Le caractère familial de la pathologie est un argument fort en faveur du diagnostic.

La suspicion d’un syndrome de Marfan ou un syndrome apparenté peut être évoquée par plusieurs professionnels de santé selon différents signes :

  • Médecin généraliste, devant l’association de signes squelettiques :  dolichosténomélie (longueur excessive des extrémités), grande taille, déformation du thorax (pectus excavatum ou carinatum), scoliose, cyphose, pieds plats, hypermobilité articulaire et/ou d’autres signes cités ci-dessous.
  • Cardiologue ou cardiopédiatre ou chirurgien cardiaque/vasculaire devant une dilatation ou une dissection aortique (souvent de l’aorte ascendante) survenant chez un sujet jeune et/ou un prolapsus valvulaire mitral dans l’enfance.
  • Ophtalmologiste devant une ectopie du cristallin souvent dans l’enfance.
  • Pneumologue devant un pneumothorax récidivant.
  • Rhumatologue et/ou orthopédiste et/ou chirurgien thoracique et/ou pédiatre et/ou médecin de médecine physique et réadaptation devant une scoliose ou une grande taille associée à des signes squelettiques.
  • Orthodontiste devant un palais ogival, un visage étroit et une rétrognathie.
  • Dermatologue devant des vergetures de localisation atypique.
  • Généticien/conseiller en génétique devant une histoire familiale.

Dans le cas d’une suspicion de syndrome de Marfan par l’un des spécialistes cités ci-dessus, le patient sera adressé à un centre expert Marfan pour des investigations complémentaires.

Comment la maladie est-elle diagnostiquée ?

Le diagnostic se base sur les signes cliniques et les antécédents familiaux. Cependant, du fait d'un tableau clinique extrêmement variable entre les patients, le diagnostic peut parfois être difficile à établir. Des critères diagnostiques internationaux ont été établis (les critères de Ghent) pour homogénéiser les pratiques des différents centres.

Une étude génétique en biologie moléculaire est proposée en fonction de la situation individuelle de chaque patient pour confirmer le diagnostic. La recherche de mutation se fait généralement par étude d’un panel de gènes en séquençage haut débit.

Le syndrome de Marfan classique est dû à des mutations du gène FBN1 qui code pour la fibrilline-1, une protéine essentielle du tissu conjonctif.

De nouveaux syndromes apparentés au syndrome de Marfan ont été découverts ces dernières années. Ils sont dus à une atteinte d’un autre gène (TGFBR1, TGFBR2, SMAD3, TGFB2, ACTA2, MYH11, FLNA,…) et comportent surtout un risque de l’atteinte aortique (anévrysme/dissection de l’aorte ascendante), ainsi que des signes cliniques spécifiques pour certains d’entre eux (luette bifide, hypertélorisme,…). Certains gènes sont associés à des formes familiales d’anévrysmes aortiques isolés (sans signe extra-aortique).

Une fois la mutation causale identifiée chez un patient, un dépistage génétique est proposé aux membres de la famille au 1er degré (parents, frères et sœurs, enfants). Le diagnostic prénatal génétique est possible chez les familles pour lesquelles la mutation a été identifiée.

Quels sont les éléments de prise en charge du syndrome de Marfan ?

Actuellement, aucun traitement ne permet de guérir le syndrome de Marfan. Une prise en charge multidisciplinaire permet de prévenir au mieux les complications et d’améliorer la qualité de vie des patients :

  • La prise en charge cardio-vasculaire permet de limiter la dilatation aortique et diminuer le risque de dissection : échographie cardiaque annuelle, traitement par bêta-bloquant pour contrôler la pression artérielle, chirurgie cardiaque (en cas de de dilatation importante de l’aorte).
  • Le suivi ophtalmologique permet (en fonction des besoin) une correction de la myopie et chirurgie du cristallin.
  • Le suivi orthopédique peut limiter les douleurs et maintenir la mobilité articulaire (corset, semelles orthopédique, kinésithérapie).
  • L’adaptation du mode de vie est nécessaire avec l’arrêt de la pratique de certains sports (sports à risque traumatique comme la boxe ou le rugby, sports à haute intensité et/ou en compétition). Une activité physique d’intensité modérée est recommandée (course à pieds, natation, …), de même qu’une bonne hygiène de vie.
  • La prise en charge psychologique est parfois nécessaire.
Voir aussi
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