Pass périnatale : la grossesse au fil de la précarité

En 2023, plus de 350 femmes enceintes ont pu bénéficier de l’accueil, des soins et de l’accompagnement des professionnelles de la Pass périnatale dans le pavillon K de l’hôpital Édouard Herriot.

C’est une équipe soudée, investie et expérimentée, composée d’une secrétaire, de deux sages-femmes et d’une assistante sociale, qui accueille ces femmes enceintes sans couverture sociale (ou incomplète). La plupart d’entre elles ont traversé les frontières en quête d’une vie meilleure. Elles viennent de partout dans le monde, beaucoup ont connu des violences, l’excision, l’exploitation, le viol, et la migration au péril de leur vie. Arrivées à Lyon, certaines ont été à nouveau abusées. Elles vivent dans la rue, dans des logements, insalubres, temporaires ou dans des centres d’hébergement.

Quand elles arrivent à la Pass périnatale, Valérie Juillard, secrétaire depuis l’ouverture en octobre 2021, est leur première interlocutrice. C’est elle qui vérifie les critères de prise en charge avant de planifier les quatre rendez-vous pour l’échographie, la consultation médicale, l’assistance sociale et le bilan sanguin. On échange en français, en anglais, ou par l’intermédiaire d’un traducteur.

Écouter, sécuriser et rassurer

« Adressées par la Protection maternelle infantile, l’Office français de la migration, les urgences obstétriques, les associations comme la Croix-Rouge, Médecins du Monde ou l’Amicale du Nid, etc., elles trouvent ici un espace sécurisé, rassurant et à l’écoute », informe-t-elle. « En premier lieu, nous nous attachons à connaître les antécédents familiaux, les pathologies sous-jacentes. Nous découvrons nombre d’hépatites. En cas de stress post-traumatique, nous les orientons vers la Pass psychiatrique du Vinatier (le centre hospitalier, NDLR) », précise Marie-Marthe Dequidt, sage-femme.

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Valérie Juillard et Marie Marthe Dequidt de la Pass périnatale

 

« L’échographie permet de déterminer une date de début de grossesse, d’évaluer la croissance et la vitalité fœtales… », complète Cécile Moulins, sage-femme. Les patientes sont aussi informées de leur droit à l’IVG et sont orientées, pour celles qui souhaitent y avoir recours, vers le centre de planification et d’éducation familiale.

Évaluer la situation sociale de la patiente

L’assistante sociale, Louise Dacoury-Tabley, va faire une évaluation de la situation sociale de la patiente, afin de pouvoir l’accompagner dans les démarches, l’orienter vers des associations spécialisées et vers la Métropole pour qu’un suivi social de proximité soit initié. « Les mesures administratives ne sont pas toutes adaptées aux populations que nous accompagnons », soulève-t-elle. Ainsi, les évolutions du droit, souvent lourdes de conséquences pour la vie des plus précaires et très chronophages pour l’assistante sociale, requièrent une veille constante. Au contact quotidien avec des récits de vie « hyper violents », disent-elles, les professionnelles de la Pass font preuve d’une sororité compréhensive et salutaire. Bientôt, un poste de psychologue pourrait compléter cette équipe engagée au service des plus grandes vulnérabilités.

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Louise Dacoury-Tabley, assistante sociale
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Blocs libres

La permanence d’accès aux soins de santé (PASS) facilite l’accès immédiat aux soins des personnes en situation de précarité et les accompagne dans les démarches de reconnaissance de leurs droits.
En 2023, 2 164 patients ont été pris en charge dans une des quatre PASS des HCL, dont 1 399 vus par le service social.