Syndrome de compression du nerf ulnaire au coude

Résumé
Le syndrome de compression du nerf ulnaire au coude est une condition médicale qui résulte de la compression du nerf ulnaire dans la gouttière épitrochléo-olécranienne.

Qu'est-ce que le nerf ulnaire ?

Le nerf ulnaire est un nerf à la fois :

  • moteur : il innerve les muscles intrinsèques de la main (permettant notamment l’écartement des doigts, la flexion des articulations métacarpo-phalangiennes et l’adduction du pouce) et une partie des muscles fléchisseurs des 4e et 5e doigts,
  • et sensitif : il donne la sensation des 2 derniers doigts de la main, du bord ulnaire de la paume de la main et de son dos.

Au niveau du coude le nerf ulnaire passe entre l’olécrane et l’épitrochlée, au sein de la gouttière épitrochléo-olécranienne avant de poursuivre son trajet dans l’avant-bras en direction des deux derniers doigts. Il est mis en tension lorsque le coude est en flexion.

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Visualisation du nerf ulnaire
Nerf ulnaire

Quelles sont les causes du syndrome de compression du nerf ulnaire au coude et comment le prévenir ?

Le syndrome de compression du nerf ulnaire au coude est une affection fréquente, touchant souvent les individus d'âge moyen. Il est plus fréquent chez les hommes que chez les femmes.

Il s’agit de la deuxième neuropathie de compression la plus fréquente après le syndrome du canal carpien.

Le syndrome de compression du nerf ulnaire au coude peut être causé par divers facteurs, notamment :

  • une inflammation due à un positionnement prolongé du coude en flexion ou à des mouvements répétitifs de flexion/extension,
  • des blessures traumatiques,
  • des variations anatomiques (présence de muscle accessoire ou hypertrophié, présence d’excroissances osseuse), 
  • des maladies métaboliques telles que le diabète,
  • des changements hormonaux (comme lors de la grossesse),
  • ou des pathologies rhumatismales sous-jacentes.

Le syndrome de compression du nerf ulnaire au coude peut sous certaines conditions rentrer dans le cadre des maladies professionnelles.

Quels sont les symptômes de compression du nerf ulnaire ?

Les symptômes courants du syndrome de compression du nerf ulnaire au coude sont liés à la compression du nerf ulnaire à son passage dans la gouttière épitrochélo-olécranienne.

Les symptômes peuvent donc être d’ordre moteur et sensitif. Initialement les symptômes les plus fréquemment rencontrés sont :

  • des picotements ou fourmillements (appelées paresthésies) au niveau des 4e et 5e doigts (l’annulaire et l’auriculaire), notamment lors de la mise en flexion prolongée du coude ou lors de mouvements répétitifs de flexion/extension du coude,
  • une perte de sensibilité des 4e et 5e doigts touchant aussi la paume de la main et son dos,
  • une faiblesse dans la main, notamment une perte de la force de serrage
  • une instabilité du nerf ulnaire lors des mouvements de flexion du coude se manifestant par une sensation de ressaut ou de claquement au niveau du coude peut aussi être retrouvé.

Ces symptômes peuvent s'aggraver la nuit, interférant parfois avec le sommeil. Cela peut être lié à la position fléchie du coude lors du sommeil.

Si le syndrome de compression du nerf ulnaire au coude n'est pas traité, il peut entraîner une atrophie musculaire dans la main, une diminution de la force et de la dextérité, ainsi qu’une anesthésie des 2 derniers doigts de la main. Toujours dans les formes avancées, il peut exister une position anormale des doigts dit en « griffe ulnaire ». A ce stade de la maladie, ces changements peuvent être irréversibles même en cas de traitement chirurgical.

Comment en faire le diagnostic ?

Le diagnostic du syndrome de compression du nerf ulnaire au coude repose principalement sur la clinique.

Cependant, un électroneuromyogramme (ENMG) vous sera demandé afin d’évaluer la sévérité de l’atteinte et de confirmer le diagnostic. Cet examen est pratiqué un médecin neurologue spécialisé.

En cas des symptômes atypiques, d’autres examens pourront vous être demandés comme une échographie, une radiographie du coude ou une imagerie de la région cervicale pour rechercher un autre lieu ou une autre cause à la compression nerveuse.

Quel est le traitement du syndrome de compression du nerf ulnaire au coude ?

Le traitement dépend en premier lieu de la sévérité de la maladie.

Dans les cas débutants ou modérés, un traitement médical sera débuté en première intention. Les premières mesures à envisager sont les mesures préventives par l’éviction des activités impliquant une flexion du coude prolongée ou répétée. L'ergonomie appropriée des postes de travail est un facteur important à prendre en compte lorsque la pathologie rentre dans le cadre d’une pathologie professionnelle.

Ensuite, le traitement médical inclut le port d'une attelle nocturne maintenant le coude en extension afin de diminuer la pression sur le nerf.

La kinésithérapie et l'utilisation de médicaments anti-inflammatoires par voie orale peuvent également jouer leur rôle dans la diminution des symptômes.

En cas d’échec de ces mesures ou en première intention lorsque le syndrome est sévère, une chirurgie peut être proposée au patient. Le but de l’opération est de décomprimer le nerf ulnaire lors de son passage au niveau du coude.

Plusieurs techniques peuvent être envisagées en fonction de la clinique :

  • la libération simple au niveau de sa gouttière

Lorsque le nerf est instable et qu’il a tendance à se « luxer » en avant de l’épitrochlée ou en cas de récidive, la libération peut être associée à :

  • une épitrochléectomie, qui consiste en la résection de l’épitrochlée (saillie osseuse au bord interne du coude au-dessus de laquelle le nerf « se luxe »),
  • une transposition antérieure, qui consiste en une libération étendue afin de positionner le nerf en avant de l’épitrochlée.

Comment se déroulent l'intervention de libération du nerf ulnaire au coude et la récupération ?

Cette intervention se pratique en chirurgie en ambulatoire, la durée d’intervention est d’une trentaine de minutes. Elle est réalisée la plupart du temps sous anesthésie loco-régional, ce qui correspond à une anesthésie du bras en entier mais peut aussi être réaliser sous anesthésie locale pure.

Le soulagement des symptômes, notamment des sensations de fourmillement, d’engourdissement ou de douleur dans les doigts est de l’ordre de quelques semaines à plusieurs mois dans les suites de l’intervention. Ce délai est variable en fonction de la gravité de l’atteinte. Plus les symptômes sont anciens et plus la récupération sera longue. En cas de syndrome de compression très évolué, il est possible qu’aucune amélioration ne survienne dans les suites de la chirurgie notamment en cas d’amyotrophie pré-éxistante.

La mobilisation du coude est encouragée dès le lendemain de l’intervention. Des soins de pansement seront nécessaires pendant 2 semaines environ. La reprise sans restriction de toutes les activités est encouragée en moyenne à un mois post opératoire. La durée d’arrêt de travail pour un travail de force est d’un mois environ.

Il s’agit d’une intervention avec un très faible taux de complication, néanmoins il existe les mêmes risques inhérents à toutes les chirurgies que sont : l’hématome, l’infections, la récidive ou les lésions nerveuses. Parmi celles qui sont un peu plus fréquentes, la persistance d’une gêne en regard de la cicatrice dans les mois qui suivent l’intervention est possible.

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