1974-2024 : 50 ans d’existence pour le SAMU de Lyon
Le 14 juin 1974, le SAMU de Lyon allumait pour la toute première fois un poste radio un peu spécial, permettant, d’une part, de recevoir les demandes d’interventions primaires des sapeurs-pompiers et, d’autre part, de communiquer avec l’unique ambulance du SAMU de l’époque. La première intervention du SMUR est déclenchée deux jours plus tard pour porter secours à un conducteur victime d’un accident de la circulation, qui sera désincarcéré sous anesthésie générale.
Le premier transfert inter-hospitalier - entre Le Puy-en-Velay et Lyon - arrivera dans les jours suivants. Cinquante ans plus tard, le fourgon TUB Citroën rallongé n’est plus et le parc automobile du SAMU a été pensé et adapté, pour répondre à toutes les situations, y compris lointaines ou difficiles d’accès.
L’équipe réduite des débuts (une secrétaire-standardiste 24h/24, deux ambulancières de la Croix Rouge Française 24h/24, un infirmier et deux médecins anesthésiste réanimateurs en journée et un médecin la nuit et le week-end) s’est étoffée, passant à 10 médecins urgentistes permanents, ainsi qu’un pédiatre et 4 à 5 internes.
La raison d’être du SAMU, créé au sein du Pavillon O de l’hôpital Edouard Herriot - qui abritait alors le service d’anesthésie réanimation - et dirigé par le Pr Paul PETIT jusqu’en 2008, puis par le Pr Pierre-Yves GUEUGNIAUD et, depuis 2021, par le Pr Karim TAZAROURTE, n’a, elle, jamais varié : pouvoir répondre à toutes les urgences potentiellement graves de la population, qu’elles soient médicales, chirurgicales et traumatologiques, obstétricales et pédiatriques (avec la création d’un SMUR néonatal en 2003) et ce, 24h/24, 365 jours par an.
Aujourd’hui installés au sein du pavillon R, le SAMU et son centre de réception et de régulation des appels (CRRA)/Centre 15 ont permis de faire progresser la médecine d’urgence, à Lyon et bien au-delà.
Pionnier, en France, dans de nombreux domaines
En 1989, les équipes du SAMU réalisent le premier essai clinique d'utilisation de défibrillateurs semi-automatiques (DSA) confiés à du personnel non-médical, qui conduit à la publication du décret autorisant l’utilisation des DSA en France. La même année a lieu la première thrombolyse dans la prise en charge de l’infarctus du myocarde.
En 2005, le SAMU inclut le tout premier patient en France dans le protocole « prélèvements sur cœur arrêté ».
En 2007, le SMUR effectue la première pose d’une contre pulsion intra-aortique et le premier transport sous ECMO (technique d’assistance circulatoire extracorporelle) après mise en place par l’équipe médicochirurgicale de l’hôpital Louis Pradel en 2007.
Depuis 2017, la pose d’une ECMO par une équipe de SMUR dédiée H24 permet, dans certains cas d’arrêts cardiaques réfractaires, une survie exceptionnelle pour 1 patient sur 3. Plusieurs fois redimensionné, notamment pour accueillir le Centre 15 en 1986, le CRRA du SAMU - dont une réplique a été mise en place à l’été 2024 pour servir de base de repli en cas de besoin - devient surtout, en février 2021, le premier site pilote en France de déploiement du concept de SAS (Service d’Accès aux Soins), une vraie révolution dans la prise en charge des urgences et soins non programmés [lire encadré].
Quelques mois auparavant, les équipes avaient dû gérer l’épreuve du Covid, particulièrement difficile localement, avec un nombre d’appels multiplié par deux (jusqu’à 4 000 appels en 24h !), obligeant, dès février 2020, à la mobilisation d’un dispositif deux à trois fois plus important qu’à l’accoutumée.
Une mobilisation exceptionnelle pendant le Covid
En octobre 2020, devant la saturation de patients atteints de Covid hospitalisés en réanimation, le SAMU, en partenariat avec l’ARS, organise les évacuations sanitaires de 124 patients intubés et artificiellement ventilés, depuis l’aéroport de Lyon-Bron vers les réanimations des régions les moins atteintes par la pandémie.
Une opération qu’il réédite à l’été 2021, en participant, sous la direction du Ministère de la Santé et du SAMU de Paris, au rapatriement en métropole de 128 patients de réanimation depuis les DOM-TOM (Antilles et Polynésie), grâce à la mobilisation exceptionnelle de 39 professionnels volontaires.
Aujourd’hui, après un été encore bien rempli, marqué notamment par l’organisation de la couverture médicale des 11 matchs de football des Jeux Olympiques de Paris 2024 disputés au Parc OL de Décines, le SAMU 69 continue de s’imposer comme une référence au niveau national, avec son SAS, les moyens terrestres et héliportés (deux hélicoptères) du SMUR des HCL, qui lui est associé, ses multiples ramifications et, surtout, ses 280 femmes et hommes, médecins urgentistes, infirmier(e)s, ambulancier(e)s, assistant(e)s de régulation médicale, qui poursuivent l’extraordinaire aventure humaine entamée il y a 50 ans au service des malades et des blessés de la métropole, du département et au-delà.
Avec le dispositif SAS, un SAMU parmi les plus efficaces et modernes de France
La création des SAS, Service d’Accès aux Soins, constituait l’une des mesures fortes du Ségur de la santé de juillet 2020. Six mois plus tard, le 1er février 2021, le CRRA du SAMU de Lyon devenait le premier site, au niveau national, à tester ce dispositif, qui redimensionne la prise en charge dite « non programmée ».
Aujourd’hui, cette nouvelle organisation en "guichet unique", pilotée par le Dr Christian DI-FILIPPO, responsable du SAS 69, offre une réponse efficace aux urgences et aux demandes de soins non programmés de la population, dans un contexte d’augmentation moyenne des appels de 6 % chaque année. Centralisant les "numéros santé" du département*, le SAS 69 a permis, pour la première fois, de fédérer tous les acteurs de soin de première ligne du territoire, grâce à des partenariats noués, entre autres, avec le SDMIS (Service Départemental Métropolitain d'Incendie de Secours), l’Association des transports sanitaires urgents (ATSU), mais aussi et surtout avec l’URPS médecins libéraux Auvergne-Rhône-Alpes, impliquant de manière inédite la médecine de ville. Une collaboration a également été scellée avec le Centre Hospitalier Le Vinatier pour la gestion, depuis 2021, du "31 14", ligne nationale de prévention du suicide, et, depuis janvier 2023, du "08 05 05 05 69", numéro de la plateforme « Live » d’information et d’orientation en santé mentale.
« Avant la création du SAS, il n’y avait qu’un seul niveau de décroché. Désormais, au bout du fil, un 1er ARM (assistant de régulation médicale) évalue l’urgence vitale, en moins de 60 secondes en moyenne, puis, si besoin, un second oriente le patient en fonction de sa pathologie, qu’elle soit somatique ou psychiatrique. Chaque patient trouve ainsi un interlocuteur et une réponse adaptés à sa situation, en un temps très rapide. C’est une réelle plus-value », résume le Dr Christian DI-FILIPPO.
Toujours avec la volonté d’offrir aux patients l’aide la plus rapide et efficace possible, le SAS 69 a également mis en place des passerelles avec le Centre antipoison du Rhône et la Cellule régionale de transferts périnataux, gérés par les HCL, ou encore les cabinets de garde de dentistes, pour un rendez-vous dentaire urgent un dimanche ou jour férié. Par ailleurs, l’informatisation complète du SAS, en lien notamment avec le SDMIS et les structures d’urgence intra-hospitalières, ainsi que le déploiement de la vidéo-régulation et l’informatisation des SMUR, sousla responsabilité du Dr David PINERO, placent aujourd’hui le SAMU de Lyon à la pointe de la technologie en France.
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50 ans de SAMU en 15 dates
• 1975 : première intervention héliportée avec l’Alouette II de la Gendarmerie
• 1978 : première grande intervention internationale (rapatriement par avion d’une trentaine de Français grièvement brûlés dans un accident en Espagne, à Los Alfaques)
• 1980 : essai du premier numéro réservé aux appels publics : 233 15 15 (deviendra le 15)
• 1983 : ouverture de la base hélicoptère de la Sécurité Civile de Lyon-Bron, en partenariat avec les HCL, pour répondre aux besoins du SAMU
• 1986 : inauguration du Centre 15 du Rhône / ouverture du Smur Lyon-Sud / dispositif d’assistance médicale déployé pour la visite du Pape Jean Paul II et le concert géant de Jean-Michel JARRE
• 1987 : prise en charge des victimes de l’incendie du port Herriot (5 morts, 80 blessés)
• 1992 : coordination nationale des SAMU par le SAMU de Lyon pour les JO d’Albertville
• 1996 : création de la Cellule d’Urgence Médico-Psychologique (CUMP)
• 2003 : création de l’unité de SMUR Néonatal
• 2011 : ouverture de l’HéliSMUR à l’aéroport de Bron
• 2013 : construction d’un nouveau CRRA/ Centre 15 redimensionné
• 2017 : 1re pose d’une ECMO pour arrêt cardiaque réfractaire par une équipe du SMUR
• 2021 : mise en place et développement optimal du SAS 69
• 2021-22 : réunion du SAMU de Lyon et du service des urgences de l’hôpital Edouard Herriot
• 2024 : construction d’un CRRA "bis", réplique quasi-identique, pouvant servir de centre de repli ou fonctionner en parallèle du CRRA de HEH en cas de forte hausse de l’activité 5
SAMU de Lyon : carte d’identité
S’il a conservé son nom originel, le "SAMU de Lyon" possède bel et bien une vocation départementale et même au-delà. D’ailleurs également dénommé "SAMU 69", il est le plus important SAMU de province, avec également une fonction de référent régional et zonal pour le territoire Sud-Est, en lien avec l’ARS Auvergne Rhône-Alpes et le préfet délégué à la Défense et à la Sécurité. Fonctionnant actuellement avec 280 professionnels, le SAMU de Lyon couvre un territoire de près d’1,8 million d’habitants. Rattaché au CHU de Lyon, le SAMU envoie et coordonne les moyens mobiles des SMUR du département, dont le SMUR de Lyon. Aujourd’hui, le SAMU de Lyon englobe donc à la fois un SMUR (que les HCL ont progressivement installé sur les 3 groupements hospitaliers disposant de services d’urgences adultes et la base d’hélicoptères à Bron) et un centre de réception et de régulation des appels (CRRA), qui s’est étoffé pour former depuis 2021 le SAS 69. Adossé au SAMU, les HCL ont également développé un Centre d’Enseignement des Soins d’Urgence (CESU 69). En 2023, près de 680 000 appels ont été décrochés au SAS 69 générant plus de 15 000 interventions gérées par le SAMU de Lyon. Des interventions qui se sont beaucoup diversifiées au fil des années. « Hier, 80 % des interventions relevaient des accidents de la route. Aujourd’hui, la plupart de nos interventions concernent des AVC, des infarctus, des défaillances chez la personne âgée… », précise le Pr GUEUGNIAUD. S