Dépistage organisé du cancer du poumon : une étude menée aux HCL

Le 2 février dernier, le Pr Sébastien COURAUD parlait d’un « jour historique ». La Haute autorité de santé (HAS) venait de donner son feu vert pour le déploiement d’un programme pilote de dépistage par scanner du cancer du poumon, pour les personnes exposées au tabac. En attendant le démarrage de ce programme piloté par l’InCA en 2024, les Hospices Civils de Lyon, engagés de longue date dans la lutte contre le tabagisme, ont lancé une étude auprès des professionnels de santé du CHU.

En France, chaque année, près de 50 000 personnes décèdent d’une maladie pulmonaire comme la BPCO ou le cancer du poumon. Souvent diagnostiqué à un stade tardif (75 % des cancers du poumon sont diagnostiqués à un stade avancé, du fait de symptômes peu spécifiques), le cancer du poumon est également l’un des cancers de plus mauvais pronostic, avec un taux de survie à 5 ans de 20 %. Chez l’homme âgé de 45 à 64 ans, il représente la première cause de décès, toutes causes confondues. Il est en forte progression chez la femme.

Le tabac est responsable de huit cancers du poumon sur dix, ce qui signifie qu’une partie des décès occasionnés pourrait être évitée grâce à un système de dépistage et de prévention tabagique adapté, chez les personnes à risque. De fait, la détection précoce et la promotion de l’arrêt du tabac sont des éléments clés pour respectivement améliorer la survie des patients et diminuer l’incidence de la maladie. C’est le point de départ de l’étude ILYAD pour "Initiative LYonnaise pour l'Amorçage du Dépistage du cancer du poumon", menée par le service de pneumologie de l’hôpital Lyon Sud.

ILYAD, une étude sur l’optimisation du dépistage

L’étude ILYAD s’intéresse aux leviers à activer pour optimiser la participation au dépistage. Elle est menée auprès des professionnels des HCL (24 000 personnes), parmi lesquels 800 agents ont été identifiés comme étant la population cible, à savoir des personnes âgées de 50 à 75 ans, qui fument ou ont fumé pendant plus de 25 ans, en moyenne plus de 10 cigarettes par jour.

« L’étude ILYAD propose une approche innovante du dépistage et de la prévention ; la communication a un vrai rôle dans la conduite scientifique de notre étude, explique le Pr Sébastien COURAUD, puisque l’on cherche à générer l’envie de se faire dépister ». Ainsi, un plan de communication stratifié a été pensé et mis en place afin d’escalader le niveau d’information (ciblage des populations à risque) et d’utiliser le maximum d’outils à disposition (affichage, médias internes, médias sociaux, intervention d’un agent de prévention auprès des agents). L’étude ILYAD permet également de tester une prise en charge multidisciplinaire du patient incluant différents examens et consultations, visant à améliorer le suivi et promouvoir le sevrage tabagique.

En supplément et grâce au soutien des partenaires de l’étude (Astrazeneca, BD Biosciences, Trnsdiag et Volition), ILYAD prévoit une analyse combinée de l’examen par scanner et des biomarqueurs sanguins dans le but d’améliorer l’efficacité du dépistage. La société multinationale d'épigénétique Volition notamment, développe des tests sanguins permettant de détecter le cancer de manière précoce, avant même l'apparition des symptômes. La technologie Nu.Q® sera utilisée pour étudier les performances cliniques des nucléosomes circulants et évaluer leur efficacité dans la détection précoce du cancer du poumon.

L’étude organisée au sein des HCL s’étend de septembre 2022 à septembre 2023 et devrait concerner au final plus de 400 participants.

Dernière mise à jour le : mar 16/01/2024 - 14:33