Addictions et grossesse : une prise en charge spécialisée à l’hôpital de la Croix-Rousse

Que ce soit l’alcool, le cannabis, la cocaïne ou les opiacés, la dépendance est parfois telle que certaines femmes consomment pendant leur grossesse. La consultation « grossesse et addictions » unique en France est là pour les épauler…

« Les femmes arrivent honteuses, dans la culpabilité vis-à-vis de leur bébé. L’important est qu’elles voient qu’elles ne sont pas jugées. Une fois rassurées, elles comprennent que nous pouvons les soutenir. L’objectif prioritaire est qu’elles acceptent d’être suivies pendant leur grossesse à risque… » explique le Dr Brigitte DAVID, responsable de la consultation.

« Beaucoup ont déjà essayé de baisser leur consommation mais c’est difficile, je travaille avec elles sur ce qu’elles se sentent capables de faire en fonction des dangers des substances car en général elles prennent plusieurs produits. On priorise selon la toxicité des substances sur le bébé… » Un sevrage brutal d’opiacés pendant la grossesse peut provoquer une fausse couche, la cocaïne peut entraîner la mort du fœtus in utero, l’alcool est tératogène (agents qui provoquent des défauts physiques et/ou psychiques sur le fœtus) et responsable de troubles neuropsychiques, les traitements de substitution sont compatibles avec une grossesse et même avec l’allaitement maternel. Quant au tabac, il minore le poids du bébé et peut engendrer des problèmes pulmonaires.  

Des situations très diverses

Certaines femmes sont dans une grande précarité. Parfois elles ont déjà un ou deux enfants placés. Le fait d’être suivies pendant leur grossesse et leur accouchement permet de créer du lien avec le bébé. La démarche permet le plus souvent que l’enfant ne leur soit pas retiré. Le service reçoit à part égale des mamans qui travaillent ou ont une situation financière stable. Leur consommation étant plutôt alors liée à l’alcool ou aux médicaments. Certaines patientes peuvent venir à la consultation quotidiennement ou au contraire que 2 à 3 fois pendant leur grossesse. Pour la plupart, les entretiens se font une à trois fois par mois avec le médecin addictologue, plus une ou deux fois avec la psychologue. 

La maternité de niveau 3 prend en charge les mamans

L’équipe est en lien avec la maternité de l’hôpital de la Croix Rousse des HCL qui accepte toutes les inscriptions des femmes souffrant d’addictions quel que soit le stade de grossesse. Le nouveau-né est pris en charge par un pédiatre formé au traitement du syndrome de sevrage s’il en a besoin… Une maman témoigne :

« au début j’étais morte de honte et de peur, je pensais empoisonner mon bébé. Puis j’ai appris qu’il est possible de mener à terme et à bien une grossesse. Le médecin m’a donné confiance en moi, du temps pour retrouver un équilibre mental et social. Après la naissance, j’ai voulu présenter mon bébé au Dr David, garder le lien… » 

La consultation, est unique sous cette forme en France. Elle représente un centre de ressources national pour de nombreux professionnels tant dans la formation et le conseil, que la veille documentaire.

Dernière mise à jour le : lun 08/08/2022 - 10:16
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A écouter : Podcast de la Chronique Santé de RCF " Grossesse et addictologie"