A l’hôpital Louis Pradel, la chirurgie cardiaque joue collectif au bénéfice des patients

Aussi soucieux de guérir que de prévenir les maladies cardiovasculaires qui restent la 2e cause de mortalité en France, l’hôpital Louis Pradel a, entièrement réorganisé sa filière chirurgicale depuis le 1er septembre, en plaçant désormais chaque patient entre les mains d’une "heart team" composée d’experts de différentes disciplines, pour une prise en charge encore plus poussée et plus pertinente.

« Nous avons réellement changé de paradigme ». Les mots sont signés du Pr Jean-François OBADIA. Le 1er septembre, l’hôpital Louis Pradel a officialisé la création d’un nouveau service de chirurgie cardio-thoracique et vasculaire de l’adulte et, comme le souligne son tout premier chef de service, il s’agit d’une petite révolution. Réunissant les deux services de chirurgie cardiaques de l’adulte qui cohabitaient auparavant, cette nouvelle entité va permettre de mettre en commun les savoir-faire. Et surtout de les mettre plus directement au service du patient. 

« Jusqu’à présent, un patient était pris en charge par un médecin bien identifié, auquel il était associé, selon des modalités ancestrales qui ont, certes, fait leurs preuves, mais ne sont plus adaptées à l’évolution actuelle de notre discipline. Désormais, il est suivi par toute une filière de soins, à travers ce que l’on appelle des RCP (réunions de concertation pluridisciplinaire), qui réunissent des experts médicaux de toutes les disciplines concernées. Le processus est vraiment centré sur le patient. C’est sa pathologie, et non plus seulement son médecin, qui dicte sa prise en charge. Celle-ci est ainsi assurée par toute une équipe, une véritable "heart team" », détaille le Pr OBADIA, qui se félicite de la « pertinence de cette organisation dans l’hôpital public, qui permet d’offrir les meilleures conditions ».

"Heart team" et "dream team"

Confié à cette "équipe du cœur", le patient profite pleinement de l’expertise de pointe de la "dream team" de spécialistes de la chirurgie cardiaque de l’hôpital Louis Pradel. Nommé chef de ce nouveau service pour un an, le Pr OBADIA fut, par exemple, au début des années 2000, l’un des pionniers de la chirurgie mini-invasive mitrale . Le Pr Marco VOLA, qui lui succèdera à la tête du service en 2023, réalisa, lui, en 2017, une première mondiale en remplaçant une valve aortique par une voie mini-invasive. 

Par ailleurs, la nouvelle approche multidisciplinaire de la filière de chirurgie cardiaque entraine une collaboration accrue avec le service d’insuffisance cardiaque et transplantation (SICAT), l’un des leaders français en matière de greffe de cœur (plus de 1850 réalisées depuis la première, en 1969), mais aussi avec le plateau d’hémodynamique où sont réalisées toutes le procédures percutanées valvulaires innovantes, sous le contrôle expert du laboratoire d’échocardiographie. Les nombreux médecins de la discipline collaborent ainsi de façon quotidienne et collégiale autour des maladies cardiaques.
« Autre apport de taille, notre nouvelle approche va permettre d’améliorer ce que l’on appelle la pertinence des actes, c’est-à-dire proposer non seulement le meilleur traitement, mais aussi uniquement ce qui se révèle nécessaire. Grâce aux RCP, tous les gestes proposés par les soignants ne le sont que lorsque l’indication s’avère extrêmement solide et documentée : la prise en charge de chaque patient est discutée et n’est validée qu’après avoir subi le regard croisé de plusieurs médecins spécialistes. Cela contribue à limiter fortement les indications inutiles ou excessives et à garantir une qualité de soins meilleure et plus sûre. Nous sommes bel et bien sur un changement de paradigme », conclut le Pr Jean-François OBADIA. 

Une démarche pour rendre les blocs opératoires plus "verts"

Parallèlement à la fusion des services, la filière de chirurgie cardiaque de l’hôpital Louis Pradel a été la première au sein des HCL à s’engager, il y a quelques mois, dans la démarche éco-responsable du "green bloc". L’objectif ? Rendre "plus verts" les blocs opératoires en diminuant leur empreinte carbone. Impulsée à l’hôpital Louis Pradel par le Dr Daniel GRINGERG, jeune chirurgien cardiaque, cette initiative a pour vocation de s’étendre à tous les services de chirurgie du CHU. 

« Le Dr GRINBERG a calculé le bilan carbone d’une chirurgie cardiaque et nous nous sommes rendu compte qu’il y avait possibilité de faire beaucoup mieux dans ce domaine. Nous avons commencé par diminuer nos commandes de consommables, en optimisant leur utilisation. C’est le cas notamment avec les gaz anesthésiques, qui entrainent beaucoup de rejets. Nous avons également mis en place une procédure de tri des déchets. Et puis, nous faisons attention à tout, désormais. Il y a plein de petits gestes qui permettent, assez facilement, de tendre vers un fonctionnement plus responsable », décrit le Pr OBADIA.

Dernièrement, les médecins, infirmières et aides-soignantes travaillant dans les blocs de chirurgie cardiaque ont, par exemple, initié une opération de recyclage permettant de transformer leurs tenues de bloc usagées en sacs à main. Afin d’expliquer et de promouvoir ces bonnes pratiques, au CHU comme ailleurs, les professionnels de santé impliqués viennent de tourner une vidéo sur cette démarche de "green bloc".

Dernière mise à jour le : jeu 27/10/2022 - 16:09
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