Médecine légale : l’expérience patient au service des victimes et des familles endeuillées

Dans le service de médecine légale de l'hôpital Edouard Herriot, l'expérience patient est désormais au cœur de deux projets novateurs qui vont améliorer la prise en charge des victimes de violences et l'accompagnement des familles endeuillées de mort suspecte.

« La relation entre le patient et le médecin est structurellement asymétrique », souligne le professeur Laurent Fanton, chef du service, « a fortiori en médecine légale où la dimension psychologique est toujours présente avec un risque accru d’évolution vers un état de stress post-traumatique pour certaines victimes. » En ce mois d’avril 2024, l’expérience patient fait son entrée dans le service de médecine légale des HCL, implanté à l’hôpital Édouard Herriot. Deux projets novateurs dans un tel service sont en train de voir le jour.

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Couloir du service de médecine légale de l'hôpital Edouard Herriot

« Améliorer la prise en charge à partir du ressenti des victimes est apparu comme une évidence »

Le premier projet s’attarde sur le vécu des victimes de violences. Il est né sous l’impulsion des psychologues de l’unité médico-légale, Éloïse Alberca et Caroline Couderc, à l’été 2023.

« Dans les entretiens, le ressenti des victimes par rapport au parcours médico-légal est souvent mentionné. Fortes de ce constat, l’idée de renforcer la qualité et la sécurité de la prise en charge à partir du ressenti des victimes est apparue comme une évidence. »

Pour la première fois, médecins légistes, enquêteurs et patients partenaires se sont réunis pour partager leurs expériences, identifier les écueils à éviter, comprendre comment s’adresser aux victimes, etc. Au final, « le partenariat entre les équipes médicales, judiciaires et les patients investis dans le projet, d’anciennes victimes rétablies aujourd’hui, devrait améliorer nos pratiques et notre communication », soutient le chef de service.

Des formations sont prévues pour les professionnels. À terme, une évaluation de l’action menée permettra d’en mesurer l’impact sur la qualité de la prise en charge à l’unité médico-judiciaire du service, qui accueille environ 4 000 victimes de violences par an.

Des réponses face à l’inconnu

Le deuxième projet se concentre sur les personnes confrontées à la mort violente d’un proche. Dans ces circonstances, la judiciarisation de la procédure commence avec la découverte de la victime et s’achève avec la délivrance du permis d’inhumer par le procureur de la République.

Pour les besoins de l’enquête qui devra déterminer la cause du décès, le corps du défunt est en quelque sorte « confisqué » par la Justice. « Or, à ce moment-là du deuil, la famille a besoin de voir le corps de la personne décédée », indique le légiste.
C’est donc pour soutenir les familles durant cette phase de séparation intervenant dans le processus du deuil que le projet a vu le jour. Des personnes endeuillées partenaires du service de médecine légale mais également du Parquet et des enquêteurs, ont accepté de prêter leur concours à la réalisation d’un document informatif.
Ce document s’adresse à des personnes souvent en état de choc, confrontées à la perte d’un proche dans des conditions inattendues, soudaines et violentes, à un parcours médico-légal méconnu, et aussi à de nombreuses formalités administratives.
On comprend dès lors l’importance de produire un document clair, simplifié, accessible et répondant au mieux aux questions qui se posent en de telles circonstances.
Dans ce but, le service de médecine légale s’est appuyé sur l’expérience de la direction qualité, usagers et santé populationnelle des HCL qui n’en est pas à son coup d’essai. Avec ces nouveaux projets, les HCL affirment un peu plus encore leur politique d’intégration du patient à l’organisation hospitalière dans toutes ses dimensions de soin, de prévention et de promotion de la santé.

Dernière mise à jour le : dim 21/04/2024 - 18:59