Femmes victimes de violences : des sessions collectives pour travailler sur le traumatisme

Au sein du centre régional du psychotraumatisme des HCL, les femmes victimes de violences pourront désormais participer à des sessions d’EMDR en groupe. L'objectif ? Permettre une meilleure intégration de l’information traumatique afin d’améliorer la qualité de vie au quotidien.

« Les femmes victimes de violences répétées peuvent avoir besoin de temps pour accorder leur confiance à leurs thérapeutes » : le centre du psychotraumatisme (CRP) de l’hôpital Edouard Herriot, où exerce le Dr Germain SALOMÉ, leur propose désormais des thérapies d’exposition collectives, nommées GTEP (Group Traumatic Episode Protocol). Une initiative inédite inspirée d’un autre groupe créé deux ans plus tôt au sein du centre pour d’autres victimes de traumatismes, les personnes en situation d’exil.

Des sessions collectives et d'exposition

Collectives, car le groupe profite aux patients : « Il alimente un phénomène de déstigmatisation, dans une atmosphère positive. Au sein du groupe, les patientes ne décrivent pas explicitement les évènements traumatisants vécus mais partagent des difficultés et des symptômes, posent des questions, proposent des réponses et réalisent qu’elles ne sont pas un cas isolé, que leur souffrance est légitime. »

D’exposition, car ces sessions de travail psychologique reposent sur l’EMDR (eye movement desensitization and reprocessing), thérapie par mouvements oculaires qui vise à aider les patientes à mieux intégrer certains morceaux d’information traumatique par l’exposition et la confrontation à ces derniers, afin qu’ils cessent de revenir affecter le quotidien sous la forme de cauchemars, de peur, d’anxiété ou de ruminations.

« Un travail essentiel est fait pour que ces femmes améliorent leur qualité de vie, retrouvent un fonctionnement satisfaisant et puissent restaurer une représentation d’elles-mêmes et un sentiment de compétence parfois abîmés. C’est par un soutien apporté à la mémoire du cerveau lors de ces expositions que la mémoire devient alors capable de retravailler ce matériel traumatique et de modifier les émotions et pensées associées au traumatisme. Cet exercice psychologiquement intense ne peut se réaliser que dans un contexte sécurisant », précise le Dr. Germain SALOMÉ.

Après un premier travail de compréhension des manifestations du traumatisme, les patientes travaillent à partir d’un support papier, complété par des dessins ou des phrases, des souvenirs et émotions positives ainsi que différentes cibles constitutives du traumatisme. Elles déplacent ensuite leurs mains et leurs regards entre ces différents éléments pour reproduire des conditions propices au retraitement du traumatisme, similaires à celles de l’EMDR.

Des sessions qui accueilleront entre six à dix femmes en situation personnelle sécurisée

Six à dix femmes pourront bénéficier de cet accompagnement lors de chaque session, composée de sept séances. Seul impératif : qu’elles soient dans une situation personnelle sécurisée, car « lorsqu’on sollicite du matériel traumatique pour le travailler, il y a un risque d’échec de retraitement et de majoration de la détresse psychologique, si le contexte hors thérapie incite la patiente à rester sur ses gardes, en hypervigilance ».

Certaines patientes ne pourront pas bénéficier immédiatement de ces soins d’exposition groupale, en cas de comorbidité trop sévère – troubles liés à une consommation d’alcool non contrôlée ou idées suicidaires, par exemple -, si les violences sont encore trop récentes ou susceptibles de se reproduire. Il faudra d’abord privilégier un travail plus généraliste, c’est-à-dire un travail psychologique aidant à la résolution de troubles psychiques extérieurs au traumatisme, et veiller à la satisfaction de besoins humains fondamentaux, notamment l’intégrité physique, avec l’appui des travailleurs sociaux et de la Justice.

 

Bientôt à Lyon, une Maison pour toutes les femmes victimes de violences
La Préfecture du Rhône, l’Autorité judiciaire, l’Agence Régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes, l’Assurance Maladie (Caisse Primaire d’Assurance Maladie du Rhône), la Métropole de Lyon, la Ville de Lyon, les Hospices Civils de Lyon (HCL), la Caisse d’allocations familiales du Rhône et de nombreuses associations partenaires du territoire s’engagent contre les violences faites aux femmes, autour d’un projet commun : mettre à disposition des femmes victimes de violences un lieu unique, rassurant et protecteur, rassemblant acteurs et professionnels du territoire pour les accueillir, informer, écouter, accompagner, orienter, soigner. En savoir + sur la Maison des femmes

Dernière mise à jour le : mar 23/04/2024 - 14:29
Blocs libres

Une initiative locale
Les centres régionaux du psychotraumatisme, ouverts à la suite de la parution du rapport Rudetzki - élaboré dans les mois qui ont suivi les attentats de 2015 -, visent à unifier la prise en charge des victimes post-traumatisme. Lancés dans l’idée d’offrir une assistance aux survivants d’attentats, de catastrophes naturelles ou d’autres types d’événements isolés, ces centres peuvent proposer trois séances de groupe sur un traumatisme commun. Pour les autres traumatismes, les patients des CRP ont accès à une quinzaine de séances individuelles.
Le centre du CHU de Lyon, dirigé par le Dr Nathalie PRIETO et avec la mobilisation des Dr Philippe VIGNAUD, Nicolas CHAULIAC et Emmanuel CONTAMIN, a souhaité faire évoluer son activité et a imaginé, dans le cadre d’un projet avec l’Agence régionale de Santé, un premier parcours « Exil » fondé sur la psychiatrie de groupe. Une initiative inédite en France fondée sur une observation des médecins et soignants du centre : « La consultation groupée peut être une première approche pour les personnes aux parcours de migration traumatisants », explique le Dr Germain SALOMÉ. Le parcours « Femmes victimes de violences » est ainsi le second parcours proposé par le centre du psychotraumatisme de l’hôpital Edouard Herriot.