Pair-aidance en addictologie, cette réciprocité qui soutient

Nathalie est pair-aidante en addictologie. Dans cette fonction hospitalière, elle accompagne un patient ou un aidant avec lequel elle partage une expérience commune. Une autre façon d’aider sur le chemin du rétablissement.

La pair-aidance c’est un soutien par son semblable. C’est une personne qui a emprunté le même chemin que le patient, qui lui renvoie l’image que le rétablissement est possible. Une personne à qui l’on peut se confier, sans crainte d’être jugé. Une personne qui partage son vécu avec la force de son humanité.

Des études en addictologie ont confirmé la légitimité de la place du pair-aidant. Son rôle participerait à la baisse de consommation chez les personnes dépendantes.

« Le pair-aidant peut faire prendre conscience que le rétablissement, qui n’est pas forcément le retour à un état antérieur mais une adhésion au soin, est possible », exprime Nathalie, pair-aidante aux Hospices Civils de Lyon.

C’est au centre de soins et d'accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) à l’hôpital Edouard Herriot, qu’elle accompagne les patients ou les aidants. Elle aussi a vécu la dépendance, « à des substances pour certaines très addictives », confie-t-elle. 

Son parcours de vie a été marqué par l’addiction et aussi par des troubles en santé mentale. « Les patients ne consomment jamais par hasard. Si au début l’usage d’un produit est un moyen de gérer une relation, une émotion, un symptôme, une anxiété ou un trouble du sommeil, la répétition de son usage peut conduire à une perte de contrôle. »

Pour soutenir le rétablissement d’autres personnes dans un rôle d’expert, le pair-aidant doit être suffisamment rétabli, formé et supervisé. Il apporte une expertise bénéfique au patient ou à ses proches et utile aux équipes du service hospitalier dans lequel il travaille.

Nathalie a suivi plusieurs formations, dont celle de patient-partenaire dispensée par l’Union francophone des patients partenaires (UFPP) en 2019. C’est à ce moment que « l’idée de diriger ma thématique de stage vers le domaine des addictions s’est imposée ». 

Elle a alors effectué un stage dans le service universitaire des addictions de Lyon, sous la direction du Pr Benjamin Rolland, (HCL/Université Claude Bernard Lyon 1), spécialiste en addictologie. Puis elle a suivi les cours en distanciel du centre d’excellence sur le partenariat avec les patients et le public de l’Université de Montréal. 

En 2021, sous la direction de la Dr Aurélie Berger-Vergiat, elle a poursuivi la pratique au centre de soins et d'accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) de l’hôpital Edouard Herriot, dans le cadre de son DU en santé mentale. 

Une identification qui rassure

Aujourd’hui « sur un chemin de rétablissement », Nathalie s’investit pleinement dans le partenariat patient, domaine dans lequel les Hospices Civils de Lyon sont précurseurs en France. Son soutien est complémentaire des équipes soignantes. 

« Lors de la consultation, Nathalie nous a donnés des conseils. Avant ça, elle avait partagé en quelques mots son expérience de la dépendance. L’écouter et surtout voir qu’elle s’en était sortie a été pour nous une formidable raison d’espérer », raconte ce couple pris en charge par l’équipe du Csapa.

Ce soutien repose sur le principe de réciprocité. Il est un modèle puissant d’identification qui redonne espoir. Ciblant les sentiments de stigmatisation, de frustration et d’isolement, le pair-aidant complète utilement les messages des professionnels de santé. « J’écoute, j’accompagne, je partage. Je ne prends la place de personne mais cette place que j’occupe enrichit la prise en charge. »

Dernière mise à jour le : mer 07/02/2024 - 10:37