Rétablir le lien entre la mère et son enfant

À l’hôpital Femme Mère Enfant, une équipe pluridisciplinaire intervient quand la maternité est susceptible d’entraver le développement de l’enfant ou de fragiliser la mère avec un risque de dépression post partum*.

Chaque année, l’équipe de l’unité de soin et d’accompagnement précoces en périnatalité (Usap) de l'hôpital Femme Mère Enfant prend en charge plus de 340 patientes et leurs enfants(1). Toutes ont pour point commun un rapport à la maternité problématique ou qui risque de le devenir.

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Equipe de l'Usap
L'équipe de l'unité de soin et d’accompagnement précoces en périnatalité (Usap) de l'hôpital Femme Mère Enfant

S'inscrire dans un projet de maternité apaisée

Les raisons sont multiples : maladies psychiatriques (déni de grossesse, bipolarité, schizophrénie, troubles du comportement alimentaire, troubles anxieux, dépression), violences domestiques, antécédents traumatiques (viol, maltraitance infantile), précarité sociale, antécédents obstétricaux ou néonataux actuels ou passés, etc.

Pour ces patientes, l’unité représente un soutien précieux dans leur volonté de s’inscrire dans un projet de maternité apaisée et en harmonie avec leur enfant, pendant la grossesse et après la naissance.

À cette période clé, le cerveau du bébé se développe plus qu’à tout autre moment. Les interactions avec son entourage sont permanentes et représentent un socle sur lequel reposent sa vie présente et celle de l’adulte qu’il deviendra.

« Les conditions d’attachement qui instaurent le sentiment de sécurité influent sur les relations sociales, la capacité à pouvoir apprendre et à se développer physiquement et psychiquement », indique la Dr Anne Villand.

Quand l’environnement physique, affectif et nutritionnel est insatisfaisant, il est désormais établi que le bébé manifeste très précocement des signaux d’alerte(2). « Ces signaux peuvent se manifester dès les premiers jours de vie », commente la Dr Caterina Maggi-Perpoint. « Il peut s’agir d’une extension en arrière, d’une plagiocéphalie (déformation du crâne, NDLR), de régurgitations très massives ou d’une courbe de croissance anormale, etc. », précise la Dr Amélie Clément.

Pour accompagner parents et enfants, les trois pédopsychiatres, impliquées dans l’unité depuis sa création en 2016, travaillent en collaboration avec des psychomotriciennes et des puéricultrices formées à la psychiatrie et des sages-femmes de suites de naissance.

« Lever des angoisses »

La durée moyenne de séjour dans l’unité est de huit jours. Huit jours durant lesquels les professionnels de santé vont être particulièrement attentifs aux interactions entre la mère et l’enfant. Des ateliers sont proposés. Par exemple, les parents peuvent assister au bain que va donner la psychomotricienne : « Le but est de recréer les conditions de vie in utero, ceci afin de montrer à la maman les capacités de son bébé et lever des angoisses qui ont pu survenir pendant la grossesse », explique Anne Villand.
D’autres ateliers thérapeutiques sont proposés sur le portage, l’allaitement, le massage, les comptines, etc.

« Ici, la prise en charge est psychodynamique, moins axée sur les médicaments, davantage basée sur l’écoute et la parole », relève Romain Goutines, interne.

L’accompagnement repose sur des évaluations, des ateliers, et aussi sur la recherche hospitalo-universitaire menée en lien avec le Pr Pierre Fourneret, chef adjoint du service de psychopathologie du développement de l'enfant et de l'adolescent.

La prise en charge se prolonge à l’extérieur de l’hôpital avec des partenaires institutionnels (CH Le Vinatier, centres médico-psychologiques, service de protection maternelle et infantile, Métropole, médecin traitant, pharmacien, etc.). « Nous participons à la création du réseau de périnatalité psychique du Rhône, dans le cadre du réseau Aurore(3) pour avis et formation des professionnels des hôpitaux privés et publics de Lyon », complète la Dr Clément.

Cette orchestration du soin concilie des compétences techniques et humaines à haute valeur ajoutée, démontrant la pertinence de la pluridisciplinarité. Elle donne également un éclairage singulier sur une relation fondatrice chez tout être humain, une relation dans laquelle « la fragilité du bébé est aussi grande que sa force de vie », conclut la Dr Amélie Clément.

 


* Les enquêtes nationales montrent qu’entre 15 et 20 % des mères souffrent d'une dépression dans l'année suivant la naissance de leur enfant.

(1) Soit environ 150 séjours.

(2)https://sante.gouv.fr/archives/affaires-sociales/familles-enfance/les-1000-premiers-jours-qu-est-ce-que-c-est/

(3)https://www.aurore-perinat.org/presentation-reseau-aurore

Dernière mise à jour le : mar 10/10/2023 - 11:02
Blocs libres

Lire le témoignage de Marie Cizeron qui a été prise en charge à l'Usap : « Le temps qui nous est donné »