Chirurgie de l’obésité : une nouvelle technique plus efficace que la technique de référence, selon une étude française
La chirurgie bariatrique est considérée comme le traitement le plus efficace en situation d’obésité sévère. 35 000 interventions sont réalisées chaque année en France et plus de 600 000 patients ont bénéficié d’une chirurgie bariatrique : l’obésité représente un défi de santé publique majeur.
Le Bypass gastrique en Y est aujourd’hui la technique de référence. De nouvelles approches chirurgicales émergent, à l’instar du Sadi-S (pour single anastomosis duodeno-ileal bypass with sleeve gastrectomy) qui associe une réduction du volume de l’estomac (sleeve gastrectomie) à un "court-circuit" de l’intestin grêle, visant à provoquer une diminution d’absorption des aliments et donc des calories ingérées.
Le Sadi-S est une procédure relativement nouvelle, décrite en 2007 par l’équipe espagnole de Torres et al. Elle est conçue pour simplifier la dérivation bilio-pancréatique avec switch duodénal, qui est la procédure bariatrique et métabolique la plus efficace à ce jour. Le Sadi-S a été proposé comme une alternative moins complexe permettant d'obtenir une perte de poids plus importante que le bypass gastrique en Y, une procédure établie de longue date et validée en chirurgie bariatrique. La littérature se limitait jusqu’à présent à des données observationnelles suggérant que le Sadi-S permettait une excellente perte de poids (de 67 % à 114 % de perte d’excès de poids à 2 ans) et des taux élevés de rémission du diabète de type 2 dépassant 80 % dans certaines études, mais avec des effets indésirables tels que des carences nutritionnelles et des diarrhées.
L’efficacité et la sécurité du Sadi-S faisant l’objet de débats internationaux, la technique restait réservée à des cas très sévères d’obésité avec des répercussions métaboliques importantes et était réalisée uniquement par des centres experts, dans le cadre de projets de recherche ou d’essais cliniques.
Sadisleeve, une étude prometteuse dans la prise en charge de l’obésité
Lancée à l’initiative du Pr Maud ROBERT, chirurgienne au sein du Centre Intégré de l’Obésité (CIO) des Hospices Civils de Lyon, l'un des cinq centres français de référence pour l'obésité, l’étude Sadisleeve visait à comparer les deux techniques dans le cadre d’un essai randomisé et multicentrique mené sur deux ans, incluant 381 patients sur 22 centres en France. L’étude Sadisleeve est financée à hauteur de 621 088€ € par la DGOS depuis 2017 dans le cadre d’un programme hospitalier de recherche clinique national (PHRC-N).
Les résultats publiés ce 22 août 2025 dans The Lancet démontrent que le Sadi-S est significativement plus efficace que le Bypass en Y en termes de perte de poids, en particulier chez les patients atteints de diabète de type 2, une population souvent moins réceptive aux stratégies de réduction pondérale.
Lorsqu’elle est utilisée en seconde intention - après l’échec d’une Sleeve gastrectomie -, l’efficacité du Sadi-S, même moindre, demeure. Enfin, en matière de sécurité, les deux techniques présentent des profils similaires sur la période étudiée.

Ces données sont les premières issues d’un essai randomisé à comparer directement le Sadi-S au Bypass gastrique en Y. Elles offrent des preuves solides pour intégrer le Sadi-S dans les stratégies chirurgicales de première et seconde intentions dans la prise en charge de l’obésité sévère. Un suivi à plus long terme est cependant nécessaire pour évaluer la durabilité des résultats, les bénéfices métaboliques et la sécurité à long terme.
Les résultats de cette étude étaient très attendus au niveau international : ils confirment la pertinence de cette nouvelle technique de chirurgie bariatrique. Nos résultats indiquent que la technique du Sadi-S doit faire partie de l'arsenal thérapeutique à proposer aux patients souffrant d'obésité sévère et nous espérons que la haute autorité de santé validera l'accès à cette technique en France, suite aux résultats de notre étude. Pr Maud ROBERT, chirurgienne au Centre Intégré de l’Obésité des Hospices Civils de Lyon
Il existe un vrai dynamisme en France de la recherche sur l'obésité et notamment sur la chirurgie de l'obésité. Les équipes médico-chirurgicales du Centre Spécialisé de l'Obésité des Hospices Civils de Lyon se démarquent par leur implication sur l'innovation dans ce domaine tant sur la chirurgie que sur les nouveaux médicaments de l'obésité. Pr Emmanuel DISSE, chef du service d’endocrinologie-diabète-nutrition de l’hôpital Lyon Sud
- Centre Intégré de l'Obésité (CIO) - Service/consultation
- Service de chirurgie digestive - Service/consultation
- Diabète, obésité et nutrition à l'hôpital Lyon Sud - Vidéo
- Service d'Endocrinologie-Diabète-Nutrition - Service/consultation
Une expertise lyonnaise reconnue
L’obésité, associée à la nutrition et aux maladies métaboliques et cardiovasculaires, est l’un des axes forts de recherche développés aux Hospices Civils de Lyon.
Le Centre Intégré de l’Obésité (CIO) du CHU de Lyon, porté par les Prs Maud ROBERT et Emmanuel DISSE ainsi que par le Dr Bérénice SEGRESTIN, s’impose comme leader international dans les innovations du traitement de l’obésité. Il est reconnu pour son expertise dans l’évaluation de l’efficacité et la sécurité des nouvelles techniques de chirurgie bariatriques.
L’équipe a notamment publié dans The Lancet et The Lancet Diabetes & Endocrinology les résultats de l’étude Yomega sur la technique controversée du Bypass en Oméga.
Elle est également engagée dans la recherche sur les nouveaux médicaments, avec la publication récente d’une étude sur les 10 000 premiers patients français traités par Wegowy® et la coordination de l’étude Semasearch (HCL), qui analyse la réponse au traitement chez plus de 1 000 patients.
Référence de l’étude
Efficacy and safety of single-anastomosis duodeno-ileal bypass with sleeve gastrectomy versus Roux-en-Y gastric bypass in France (Sadisleeve): results of a randomised, open-label, superiority trial at 2 years of follow-up. Maud Robert, Tigran Poghosyan, Nicolas Romain-Scelle, Sebastien Czernichow, Dominique Delaunay, Adrien Sterkers, Litavan Khamphommala, Andrea Lazzati, Claire Blanchard, Robert Caiazzo, François Pattou and Emmanuel Disse and the Sadisleeve Collaborative Group.