Prothèse de cheville (arthroplasties de cheville)

Résumé
Une pathologie douloureuse et invalidante de la cheville peut se voir proposer deux solutions : soit l'arthrodèse (le blocage) de la cheville, soit le remplacement (la prothèse).

La prothèse de cheville

Nombre de chirurgiens s'orientent encore plutôt vers l'arthrodèse, en raison de la haute technicité requise pour la mise en place d'une prothèse de cheville d'une part, mais également parce que les résultats de la prothèse de cheville sont en cours d'évaluation : nous n'avons pas de certitude quant à son devenir au long cours (> 10 ans). Ainsi en France, 500 prothèses de cheville sont posées par an, pour 2 000 arthrodèses de cheville réalisées.

A qui propose-t-on ce une prothèse de cheville ?

Une prothèse de la cheville peut être proposée en cas d’arthrose de la cheville.

Traitement chirurgical

Lorsque le traitement médical (non chirurgical) n’est plus efficace :

  • Dans certains cas, il peut être proposé au début des symptômes, par exemple avec une « ostéotomie » (coupes osseuses permettant de corriger une déformation). Il s’agit d’un traitement « conservateur » (sans toucher ou en conservant les surfaces articulaires).
  • Soit une « arthrodèse » qui consiste à bloquer par du matériel (vis, plaque) l’articulation usée, bloquant donc les mobilités de la cheville, mais laissant persister un peu de flexion plantaire dans les articulations sous-jacentes du médio-pied.
  • Soit une prothèse qui consiste à remplacer les surfaces articulaires. Elle se compose de 2 pièces métalliques : l’une fixée sur la partie basse du tibia et l’autre sur le talus avec une pièce en polyéthylène (polymère "plastique") permettant l’articulation entre les deux et qui peut être soit mobile (prothèse à 3 composants) soit fixe (prothèse à 2 composants).

Comment se déroule la chirurgie ?

L’intervention dure en moyenne 1h30 et se pratique soit sous anesthésie générale soit en endormant le membre inférieur (anesthésie péridurale).

La durée d’hospitalisation est d’environ 4-5 jours principalement pour vérifier l’absence de complications sur le plan de la cicatrisation et lutter contre la douleur (« pompe » à morphine…)

Nous réalisons une incision verticale en avant de la cheville pour exposer les 2 os constituant cette articulation (tibia et péroné), puis après libération des tissus rétractés nous retirons ce qui reste de cartilage usé. Les coupes osseuses sont faites avec une instrumentation adaptée pour avoir une taille et un positionnement correspondant parfaitement à chaque patient.

Pour être le plus précis, ces différentes étapes sont faites sous contrôles radiographiques répétés pendant l’intervention.

Dans de nombreux cas, d’autres gestes complémentaires associés peuvent être nécessaires (stabilisation ligamentaire, allongement tendineux, ostéotomies, ….) qui sont adaptés au besoin de chaque patient.

Quelles suites après la pose d'une prothèse de la cheville ?

Un traitement anti-douleur sera mis en place et adapté au besoin ; un traitement anticoagulant est également mis en place pendant 30 jours pour limiter le risque de phlébite.

Dans les suites, la cheville sera immobilisée dans une gouttière en résine pendant 21 jours tout en permettant la surveillance de la cicatrice et la réalisation des pansements.

La marche est possible à partir du 2e jour post-opératoire mais avec interdiction d’appuyer sur la jambe pendant 15 jours. Ensuite l’appui sera autorisé, uniquement avec une botte de marche du commerce.

Pour retrouver les mobilités de la cheville, une rééducation sera nécessaire pendant au minimum 3 mois.

L’arrêt de travail est en moyenne de 4 à 6 mois.

Risques liés au traitement chirurgical

  • Complications pendant l’opération : fracture osseuse, lésion tendineuse. Rares, elles sont surtout prévenues par l’expérience de votre chirurgien.
  • Les difficultés de cicatrisation : c’est le risque principal, qui dépend de chaque patient (problème de vascularisation, diabète et surtout tabagisme) et qui nécessite une surveillance initiale rapprochée. Ceci peut favoriser la survenue d’une infection.
  • L’infection : malgré toutes les précautions de désinfection et de préparation cutanée, toute incision chirurgicale est à risque secondaire d’infection, surtout au niveau du pied. Ce risque est très largement aggravé par le tabagisme, et certaines maladies (diabète) ou prise de médicaments (corticoïdes, immunosuppresseurs…).

Le tabagisme multiplie par 3 à 5 les troubles de cicatrisation et l'infection ; la plupart des chirurgiens imposent un arrêt complet du tabagisme au moins 6 semaines avant la chirurgie et 3 mois après.

  • Complications non spécifiques : phlébite, allergie ou intolérance médicamenteuse.
  • Douleurs chroniques : dans certains cas et sans explications évidentes, il peut persister des phénomènes douloureux prolongés.
  • La raideur : tout geste chirurgical sur une articulation peut entraîner une diminution des mobilités, le plus souvent temporaire. C’est pourquoi des séances de kinésithérapie seront nécessaires.
  • Complications spécifiques à la prothèse de cheville :
    • mobilisation des pièces métalliques par défaut d’ancrage (« descellement »)
    • usure des implants
    • géodes
    • taux de survie de 80 à 90% à 10 ans

De manière précoce ou plus tardive, ces complications ne se traduisent pas toujours par des douleurs. C’est pourquoi un « passeport de suivi » vous sera remis, et une surveillance régulière clinique et radiologique sera réalisée. Il existe maintenant un registre de surveillance national, pour mieux évaluer sur le long terme le bénéfice des prothèses .

Dernière mise à jour le : mar 27/02/2024 - 15:18

Registre national des prothèses totales de cheville
Les prothèses totales de hanche et de genou sont mises en place chaque année par dizaines de milliers en France (130 000 prothèses de hanche par an). Ces prothèses laissent espérer des taux de succès de plus de 95% après 10 ans. L'articulation de la cheville est particulière, et sa prothèse de conception récente. Afin de mieux évaluer les résultats des prothèses, l'Association Française de Chirurgie du Pied (AFCP) a décidé, avec le soutien et en accord avec les exigences de la Haute Autorité de Santé, de tenir un registre national des prothèses totales de cheville.
- Explication sur l’intérêt et la mise en place du registre de surveillance
- Lettre d’information pour le suivi des patients avec prothèse de cheville