Rougeole

Résumé
La rougeole est causée par un virus hautement contagieux qui se propage facilement par la toux ou les éternuements. Une personne infectée peut transmettre le virus avant même l’apparition des premiers symptômes. En l’absence de vaccination, une personne infectée peut contaminer entre 18 et 20 personnes.

Qu'est-ce que la rougeole ?

La rougeole est une maladie infectieuse éruptive d’origine virale, strictement humaine (pas de réservoir animal) et extrêmement contagieuse.

Il est très difficile de s’en protéger car la contagiosité débute plusieurs jours avant le début de l’éruption cutanée et avant même les premiers symptômes.

La transmission se fait par voie respiratoire et il suffit d’une très petite quantité de virus dans les microgouttelettes de salive émises par un individu infecté pour contaminer les personnes non immunisées. Cette extrême contagiosité s’exprime par un R0 (nombre moyen de personnes réceptives contaminée par un seul individu infecté) estimé entre 18 et 20 ce qui en fait la maladie infectieuse la plus contagieuse connue.

Quels sont les symptômes de la rougeole ?

Après contamination, l’incubation est longue (14 jours) et complètement asymptomatique. Il est donc souvent difficile de connaitre l’origine exacte de la transmission. La maladie débute par des symptômes non spécifiques tels qu’une fièvre souvent élevée, une fatigue, un écoulement nasal clair et un larmoiement. Cette phase appelée « catarrhe occulo-nasal fébrile » dure quelques jours et est suivie de l’éruption cutanée caractéristique faite de petits boutons rouge sombres, légèrement en relief pouvant former des plaques confluentes (regroupement de boutons) au niveau des joues. L’éruption débute au niveau de la tête et s’étend en 24h à l’ensemble du corps. La fièvre persiste plusieurs jours et une fatigue importante est souvent présente. Des symptômes respiratoires (toux, encombrement voire essoufflement) sont assez fréquent a ce stade. Au bout de 5 à 10 jours, heureusement dans la majorité des cas, la situation s’améliore avec diminution de la fièvre, disparition progressive des boutons et amélioration de l’état général. La fatigue persiste souvent plusieurs semaines.

Comment diagnostique-t-on la rougeole ?

Le diagnostic est évoqué devant les symptômes cliniques mais doit impérativement être confirmé au laboratoire par la mise en évidence du virus au niveau des sécrétions respiratoires ou par détection des anticorps par une prise de sang (plus tardif). En cas de suspicion, le patient ne doit en aucun cas être adressé aux urgences (risque de contagion majeur), il doit être maintenu à domicile avec réalisation des examens en laboratoire. Seul les patients présentant des symptômes caractéristiques et la notion d’un contact avec un cas confirmé biologiquement peuvent être dispensé de ces examens.

La déclaration de la maladie à l’ARS est une obligation et permet de déclencher des mesures d’isolement et surtout de prévention.

Il n’existe aucun traitement actif sur le virus de la rougeole.

Quelles peuvent être les complications à la suite d'une rougeole ?

Les complications sont imprévisibles et peuvent s’observer chez des individus ne présentant aucun facteur de risque ni aucune « fragilité ». Ces complications sont de trois ordre :

  • Complications respiratoires : la rougeole peut se compliquer de pneumopathies (atteinte pulmonaire) dues soit au virus lui-même soit à une surinfection pulmonaire bactérienne. Ces pneumopathies peuvent évoluer jusqu’à une véritable détresse respiratoire pouvant nécessiter des techniques de réanimation et de ventilation invasive.
  • Complications infectieuses : la rougeole induit une baisse parfois profonde des défenses immunitaires qui dure plusieurs semaines après la fin de la maladie proprement dite. Il n’est donc pas rare d’observer des infections bactériennes secondaires parfois sérieuses (otites, mais également pneumonies, septicémie voire méningites) dans les suites d’une rougeole. Ces infections secondaires sont d’autant plus graves qu’elles surviennent sur un terrain fragile (petit nourrisson, dénutrition, maladie chronique, immunodépression…). Une phrase classique résume ces complications et leur gravité : « La rougeole prononce la Sentence, la bactérie (le pneumocoque notamment…) l’exécute… »
  • Complications neurologiques : dans un cas sur mille, la rougeole se complique d’une encéphalite se manifestant par des troubles neurologiques, des convulsions et un coma. Cette complication imprévisible survient 8 à 10 jours après le début de l’éruption et évolue vers la guérison dans 1/3 des cas, laisse des séquelles dans 1/3 des cas et conduit au décès dans 1/3 des cas. Il n’y a aucun traitement…

Ces formes graves peuvent survenir chez tous les patients mais sont encore plus fréquentes dans certaines situations : 

  • les nourrissons âgés de moins d’un an, notamment lorsque la maman n’est pas immunisée et n’a donc pas pu transmettre d’anticorps, 
  • les personnes immunodéprimées, 
  • les personnes souffrant de dénutrition ou présentant une maladie respiratoire ou neurologique chronique. 

Enfin, la rougeole en cours de grossesse expose à un risque élevé d’avortement et de malformations fœtales.

La vaccination : le seul moyen de se protéger efficacement contre le rougeole

En l’absence de traitement curatif, la prévention est le seul traitement efficace contre la rougeole.

Du fait du caractère pré-symptomatique de la contagiosité et de son importance, les mesures d’isolements des cas ainsi que les mesures barrières sont peu efficaces dans le cas de la rougeole et seules les personnes correctement immunisées, soit par la maladie, soit grâce à la vaccination peuvent se considérer comme protégées en cas de contact avec une personne porteuse du virus.

La vaccination

La vaccination consiste en l’administration de deux doses à un mois d’intervalle d’un vaccin comprenant également les valences Rubéole et Oreillons. Cette vaccination est recommandée chez le nourrisson depuis les années 1970 et est inclue dans l’obligation vaccinale pour les enfants nés depuis le 1er janvier 2018. Le vaccin est intégralement (100%) pris en charge par l’Assurance Maladie. Elle peut être réalisée dès l’âge de 9 mois mais est recommandée à partir de l’âge d’un an car plus efficace à cet âge. Le vaccin est bien toléré mais est contre-indiqué chez les personnes immunodéprimées et les femmes enceintes. Il est inefficace avant l’âge de 9 mois en raison d’interférences avec les anticorps maternels transmis en fin de grossesse.

En cas de doute sur le statut vaccinal (perte du carnet de santé ou oubli du nombre de dose reçue par exemple), la revaccination ne pose aucun problème et est parfaitement bien tolérée. Il est donc recommandé de vacciner toutes les personnes nées après 1980 qui n’ont pas été correctement vaccinées ou dont l’histoire vaccinale est douteuse.

La vaccination peut également être réalisée en post exposition à un cas de rougeole et sera efficace à condition d’être réalisée rapidement (dans les 3 jours) après le contact.

L’immunité conférée par cette vaccination, comme celle de la maladie, est extrêmement prolongée et il n’y a donc pas besoin de rappels. Lorsque la vaccination est réalisée correctement (2 doses, après l’âge d’un an, respect de la chaine du froid), elle est extrêmement efficace (plus de 98 % d’immunisation contre la maladie) et empêche en outre la transmission. La rougeole est donc une maladie pouvant être éliminée.

Dernière mise à jour le :

En 2019, selon l’OMS, la rougeole a été responsable de 207 500 décès dans le monde.