L’irrésistible ascension de la neurochirurgie lyonnaise
Le point de départ de cette démarche, initiée par les professeurs Emmanuel Jouanneau, Marc Guénot et Patrick Mertens, reposait sur le constat suivant : la neurochirurgie souffrait d’un manque de lisibilité. "Il n’était pas très facile de savoir à qui s'adresser pour la prise en charge des pathologies", indique le Pr Timothée Jacquesson, neurochirurgien.
Les quatre services existants, fonctionnant jusqu’alors de manière parfois cloisonnée, présentaient des thématiques qui se recoupaient, certains traitant à la fois des pathologies la colonne vertébrale, du crâne et des tumeurs cérébrales.
Un service unique en France
Avec plus de 20 neurochirurgiens sur le même site et plus de 3 000 chirurgies par an, le volume d’activité est unique en France. Alliant expertise technique et approche humaine, la neurochirurgie s’appuie sur les technologies les plus avancées : neuronavigation, imagerie per-opératoire, chirurgie assistée par fluorescence ou encore chirurgie éveillée. Les équipes travaillent en étroite collaboration avec les services d’endocrinologie, de neuroradiologie, de neuro-oncologie ou d’ORL, illustrant la richesse d’une approche multidisciplinaire.
Trois objectifs principaux ont été fixés :
- l’accessibilité,
- l’expertise technique,
- l’amélioration de la qualité des soins.
La fusion a englobé les équipes médicales et paramédicales, les blocs opératoires, les lits et les secrétaires. Finalement, elle a conduit à "un fonctionnement d'équipe apaisé et à une indéniable augmentation du niveau d'expertise", note le neurochirurgien.
Des résultats concrets
La nouvelle structure s’articule autour de trois pôles d’expertise :
- le Rachis (colonne vertébrale),
- le pôle Fonctionnel (douleur, maladie de Parkinson, épilepsie)
- le pôle Cerveau/Crâne (tumeurs cérébrales, anévrismes, malformations vasculaires, tumeurs de l'hypophyse, base du crâne).
Pour améliorer l’accessibilité, l’équipe a remodelé les circuits patients. Deux lignes téléphoniques ont été créées, l’une pour les nouveaux patients et l’autre pour le suivi postopératoire (rendez-vous de suivi, ordonnances). Les pages internet du service ont été enrichies de nouvelles fiches santé, rédigées par l’équipe, expliquant les pathologies aux patients, avec pour résultat, "plus de 42 000 vues pour la fiche sur l’hypophyse et 150 000 pour les neurinomes en six mois", chiffre le Pr Jacquesson.
Le patient, assuré d’être pris en charge par des médecins surspécialisés, a vu des délais d’attente déjà courts, encore plus réduits, notamment le nouveau patient présentant une tumeur cérébrale. La mutualisation a eu aussi un impact positif sur la coordination entre les équipes médicales et paramédicales.
Nous avons harmonisé nos pratiques, avons mis en place la semaine de quatre jours à 8h50, ce qui a eu pour conséquence de favoriser les échanges, la solidarité et de renforcer le sentiment d’appartenance à la fédération d’une équipe qui compte plus de 80 soignants, informe Patricia Diaz, cadre de santé du pôle Fonctionnel.
Quant à l'activité chirurgicale, elle a augmenté grâce à l'optimisation des plages d’intervention au bloc opératoire. Par ailleurs, le nombre d'internes est passé de deux à sept, assurant une présence médicale soutenue "avec une meilleure disponibilité des chirurgiens pour l'équipe paramédicale", précise Patricia Diaz. Et d’ajouter : "La neurochirurgie, ce sont des équipes passionnées et passionnantes".
Le service a également optimisé l'utilisation des lits et le temps de séjour hospitalier. L'admission des patients à J0 est privilégiée et l’articulation des soins entre l'hôpital et le domicile a été améliorée par la création d'une adresse mail simplifiée pour les praticiens extérieurs et les infirmières à domicile.
Pari gagnant
Autre conséquence : cette dynamique a renforcé l'attractivité du service à toutes les échelles. Au niveau régional, le service attire de plus en plus de patients des régions limitrophes (Alpes, Bourgogne, Jura, Massif Central). Au niveau national et européen, l'équipe est un centre formateur réputé, organisant des cours pour les soignants et les étudiants, des entraînements chirurgicaux en laboratoire d'anatomie et des live surgeries (chirurgie en direct).
La recherche et l’innovation ne sont pas en reste. "L’équipe fonctionnant bien, le temps dédié à la recherche a augmenté". Le nouveau service est moteur dans le projet d’IRM 7 Tesla de haute précision, dont la mise en service est prévue à l’hôpital Pierre Wertheimer en 2026.
Finalement, la fédération a gagné son pari : faire progresser la neurochirurgie lyonnaise tout en plaçant le patient au centre de son exigence d’excellence.
- Hôpital Pierre Wertheimer - Établissement
- Service de neurochirurgie fonctionnelle, de la moëlle et des nerfs périphériques - Service/consultation
- Service de neurochirurgie - chirurgie du rachis et de la moëlle épinière - Service/consultation
- Service de Neurochirurgie crânienne générale, tumorale et vasculaire - Service/consultation