Centre régional du psychotraumatisme Auvergne-Rhône-Alpes : à l’écoute de tous les traumatismes

Au centre régional du psychotraumatisme, les professionnels de santé reçoivent des patients, mineurs, adultes, migrants, qui ont vécu un événement potentiellement traumatique. Leur expertise soulage des maux invisibles aux multiples retentissements.

La crise sanitaire a rappelé combien la santé mentale représente l’un des grands enjeux de santé publique de notre époque. La France est le plus gros consommateur au monde de psychotropes. Une personne sur cinq est touchée chaque année par un trouble psychique, soit 13 millions de Français. 64 % ont déjà ressenti un trouble ou une souffrance psychique et 30 % ont dans leur entourage une personne concernée par une souffrance psychique. 15 % des jeunes connaissent un épisode dépressif caractérisé entre 16 et 25 ans. Au total, avec plus de 23 milliards d’euros par an, les dépenses remboursées au titre de la souffrance psychique et des maladies psychiatriques sont le premier poste de dépenses de l’Assurance maladie, devant les cancers et les maladies cardiovasculaires. 

Depuis 2018, année de leur création, les centres régionaux du psychotraumatisme (CRP) prennent en charge des adultes et des mineurs qui, après avoir vécu un événement traumatique, ont un risque de développer des troubles à plus ou moins long terme. Leurs équipes sont multidisciplinaires, composées de médecins, psychologues et soignants spécialisés dans le psychotraumatisme. 

En Auvergne Rhône-Alpes, le centre régional du psychotraumatisme est implanté au deuxième étage du bâtiment B10 à l’hôpital Edouard Herriot depuis l’été 2019. Les locaux, entièrement rénovés et spécifiquement aménagés, permettent d’accueillir les patients dans un même lieu, avec un accès facile, rapide et non stigmatisant.

Ces deux dernières années, l’activité n’a fait que croître (hors période de confinement). Les demandes de consultation sont en augmentation croissante, alors que le CRP n’est encore connu que partiellement des partenaires et du public. 

En 2020, 431 patients, dont 61 % de femmes et 12 % de mineurs, y ont été pris en charge. Cela représente 2 180 consultations dont 308 ont été des premières consultations et 1 872 des consultations de suivi. À noter que durant cette première année de fonctionnement, 51 % des consultations se sont déroulées en présentiel, 25 % par téléphone et 24 % en téléconsultation. En 2021, l’activité a augmenté de 28,7 %, soit 555 patients qui ont été pris en charge, dont 63 % de femmes et 23 % de mineurs, représentant 2 861 consultations.

Des patients de tous horizons

Personne n’est à l’abri de vivre un événement traumatique. Les patients qui sont reçus au CRP viennent de tous horizons sociaux, économiques et géographiques. 

Cela peut être un enfant, comme ce petit garçon de six ans, adressé au printemps 2021 au CRP par la Cellule d’urgence médicopsychologique (Cump), suite au décès brutal de son père par arrêt cardiaque sur une aire d’autoroute. L’enfant a présenté un état de stress aigu en réaction au traumatisme vécu. Sa prise en charge lui permet aujourd’hui d’exprimer ses émotions d’une manière plus apaisée.

Ce sont aussi les victimes d’accidents de la route, à l’instar de ce jeune homme adressée par son médecin traitant, en septembre. Pas de lésions somatiques mais le conducteur a montré des troubles de stress post-traumatique (TSPT) se caractérisant par des angoisses, une forte appréhension à la conduite, un trouble du sommeil et des problèmes de concentration ayant des retentissements dans sa vie quotidienne. Depuis son passage au CRP, il conduit à nouveau.

Le service prend également en charge les victimes d’agression sexuelle. Cette femme à l’automne, adressée elle aussi par son médecin traitant, victime d’agression sexuelle, a développé des idées suicidaires. Elle fait des cauchemars et revit la scène traumatique. Sa prise en charge lui a permis d’exprimer ses émotions et de trouver l’apaisement.

Les personnes qui ont traversé les frontières, dont certaines au péril de leur vie, sont suivies en séance collective. Ainsi, ce migrant, réfugié de 28 ans, a vécu des situations de conflits armés depuis son enfance ainsi qu’un parcours migratoire compliqué. Il souffre de troubles du sommeil, d’insomnies et de cauchemars. Grâce à ce suivi, ses symptômes du stress post-traumatique ont diminué.

De nouveaux moyens 

Les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie qui se sont déroulées en septembre 2021 ont été l’occasion pour le gouvernement d’annoncer un renforcement des moyens pour la santé mentale. En 2022, les équipes du CRP vont être renforcées pour améliorer l’accompagnement des victimes, et en particulier des femmes et des mineurs victimes de violences ainsi que des migrants atteints de troubles psychiques.

La prise en charge des mineurs victimes de violences dans le cadre du Plan de lutte contre les violences faites aux enfants, va ainsi bénéficier d’un financement d’1,5 M€ en 2022, puis 3,5 M€/an à partir de 2023. Ce financement va permettre de renforcer les équipes tant médicales que non médicales des CRP dont celui des HCL.

 

Dernière mise à jour le : ven 11/03/2022 - 09:23
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Une triple mission de soin, de formation et de recherche

L’animation du réseau régional, ainsi que la formation des acteurs de soins et la recherche constituent les autres missions du centre régional du psychotraumatisme. Il est associé aux 15 centres régionaux du psychotraumatisme, coordonnés par le Centre national de ressources et de résilience (CN2R). Sa vocation est d'animer et de renforcer les compétences régionales et de favoriser la mise en lien des acteurs de soins. Il organise pour cela des actions de sensibilisation et de formation. L'équipe du CRP travaille aussi avec les associations de soutien aux victimes et les autres acteurs du soin pour offrir une prise en charge globale aux patients. En lien étroit avec la Cump (Cellule d'urgence médicopsychologique), il intervient pour une prise en charge rapide des événements à retentissement collectif. Certains personnels du CRP interviennent ainsi dans les deux unités, sous l’autorité du médecin psychiatre Nathalie Prieto, responsable du CRP et de la Cump. Le CRP propose plusieurs types de formation aux professionnels œuvrant auprès des victimes. Centrées sur les bonnes pratiques actuelles, elles ont pour but de permettre un meilleur repérage et d'améliorer les soins. Ces formations participent à la formation continue des professionnels.