Un premier traitement réalisé par Gamma Knife aux HCL

Ce matin, le réveil a sonné à 5h30 pour Brigitte. Avant même de prendre le petit-déjeuner, elle s’est vue poser un cadre sur la tête. Fixé sur son crâne, il est prévu pour assurer à l’intervention la plus grande précision. Brigitte s’apprête à bénéficier d’un nouveau traitement de radio-neurochirurgie par Gamma Knife ou bistouri à rayons gamma, une première aux HCL et dans la région.

Après avoir passé un scanner et une IRM, elle arrive par la passerelle qui relie désormais l’hôpital Pierre Wertheimer au tout nouveau centre d’oncologie radiothérapie et de neuro-radiochirurgie. C’est Frédéric Guillet, le brancardier du centre, qui l’a conduite jusqu’à la salle d’attente où elle est immédiatement prise en charge par les manipulateurs en électroradiologie médicale (MER). Le Dr Emile Simon, neurochirurgien, vient également à sa rencontre.  

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Centre d'oncologie radiothérapie et neuro-radiochirurgie
L'entrée du centre d'oncologie radiothérapie et neuro-radiochirurgie des HCL situé à proximité de l'hôpital Pierre Wertheimer

 

Traitée pour un méningiome, la patiente est « venue en confiance », dit-elle, simplement. Installée, prête pour l’intervention, elle repose sous son drap, entourée d’une équipe à l’écoute de ses besoins et prête à répondre à toute question. 

Une collaboration hors du commun 

Cette nouvelle prise en charge réunit neurochirurgiens, radiothérapeutes, physiciens médicaux, radiologues, infirmières et, bien sûr, manipulateurs en électroradiologie. « Cette étroite collaboration est rare en France », note pertinemment le neurochirurgien.  

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1re planification du traitement par Gamma Knife
Sous le regard de la radiothérapeute Anne D'Hombres, le neurochirgurgien Emile Simon (au second plan) au côté de Loïc Feuvret, radiothérapeute, planifient le traitement du méningiome de Brigitte, le mardi 17 janvier 2023.

 

« C’est une matinée exceptionnelle qui nous permet de tous nous rencontrer : médecins, manipulateurs en électroradiologie médicale et physiciens », ajoute de même Inès Saker, physicienne médicale. 

 « J’ai suivi une formation à Lille, fin novembre. J’ai pu observer une intervention radiochirurgicale de A à Z. Puis, en janvier nous avons simulé le parcours du patient. Aujourd’hui nous étions prêts pour prendre en charge la première patiente », indique Catherine Cottancin. « La pose du cadre s’est super bien passée », commente Sébastien Brandon. Les deux manipulateurs radio s’apprêtent à laisser seule la patiente pour suivre le traitement de l’autre côté de la salle protégée des radiations. 

« Je suis très enthousiaste d’aider à mettre en place l’organisation du service. L’équipe des manipulateurs radio est très investie et je les sens très à l’aise avec la prise en charge et cette nouvelle technologie. On se sent très rassuré », souligne, souriante, Saunnia Khenoussi, cadre de santé du centre. 

De son côté, Brigitte patiente allongée avant le début de l’intervention… 

Concentration et précision 

Face aux écrans, le Dr Emile Simon, neurochirurgien et le Dr Loïc Feuvret sont en train de planifier le déroulement du traitement. À partir des images du scan et de l’IRM, ils déterminent très précisément les zones à traiter, évaluent la dosimétrie, en fonction de la morphologie de la tumeur. Puis le traitement est validé par les physiciens médicaux, les radiothérapeutes et les neurochirurgiens. « La collaboration avec l’équipe est magnifique », s’exclame le Dr Simon. 

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Dr Emile Simon
Dr Emile Simon

 

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Brigitte, première patiente traitée par Gamma Knife
Brigitte entourée par le neurochirurgien et les manipulatrices en électroradiologie médicale.

 

Les portes du Gamma Knife s’ouvrent, la table avec la patiente maintenue par le cadre de stéréotaxie, se met en place pour le traitement. Pour cette séance de radiochirurgie en dose unique, le déroulement du traitement prévoit 29 shots (tirs) qui vont se succéder pendant une heure. 

Le référentiel stéréotaxique permet de localiser et de traiter des cibles dans le cerveau. Les coordonnées X, Y, Z localisent n'importe quel point dans l'espace 3D, ce qui permet un accès à toute zone intracrânienne sans ouvrir la boîte crânienne Les rayons gamma sont émis à partir de 192 sources radioactives de Cobalt 60 réparties régulièrement en coupole autour du crâne du patient.  

Les faisceaux de toutes ces sources convergent vers la lésion sur lesquels les doses de rayonnement délivrées par chaque faisceau vont s’additionner. Le gamma knife est donc capable d’administrer une dose très forte de radiations dans une région ultralocalisée. Cette haute précision lui permet de traiter les tumeurs de petite taille (moins de 3 cm), situées dans des régions profondes du cerveau et donc inopérables.  

« Depuis début novembre, nous travaillons sur l’installation de la machine. Nous avons réalisé une série de tests en amont en suivant des protocoles internationaux. Il est important en effet de délivrer la bonne dose au bon endroit avec une précision submillimétrique », explique Laurence Vial, physicienne médicale. 

Inès Saker, physicienne médicale confirme « Le gamma knife envoie de très fortes doses de radioactivité sans marges, c’est-à-dire avec une très grande précision qui épargne les tissus autour de la tumeur. » 

Pour Brigitte, cela signifie que l’intervention ne nécessite pas d’anesthésie générale et ne requiert pas d’ouvrir le crâne ! 

Un nouveau traitement pour les Lyonnais, un aboutissement pour les professionnels de santé 

Seulement quatre autres CHU en France peuvent s’enorgueillir d’utiliser un Gamma Knife. Une bonne nouvelle pour les patients de l’Est lyonnais, mais aussi pour tous les patients des HCL atteints par une pathologie cérébrale, qu’elle soit bénigne, maligne ou fonctionnelle.

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L'équipe du centre d’oncologie radiothérapie et neuro-radiochirurgie lors de la prise en charge de la première patiente par Gamma Knife
Une partie de l'équipe du centre d’oncologie radiothérapie et neuro-radiochirurgie.

 

« On pourra aussi bien traiter des méningiomes, des neurinomes (tumeurs bénignes d’origine nerveuse), que des métastases cérébrales ou encore des névralgies du trijumeau et des malformations artério-veineuses », précise la Dr Anne D’Hombres, radiothérapeute.  

« C’est un appareil que nous attendions depuis de très nombreuses années à Lyon ; jusqu’à présent, nos patients étaient adressés à Marseille ou à Lille », commente le Dr Émile Simon.  « Il évite les complications opératoires, permet de diversifier les pratiques et de proposer aux patients une prise en charge complète », insiste la Dr Violaine Delabar, neurochirurgienne spécialisée dans les tumeurs de la base du crâne.  

Retraitée depuis le 1er octobre 2022, Brigitte va pouvoir retrouver son foyer dès demain, près de Dijon. Quelques minutes après le traitement, nous la retrouvons dans la salle de soin : « Je me sens lourde mais je suis heureuse car tout s’est bien passé. J’étais bien entourée ! Je suis contente d’être la première patiente des HCL [à être traitée avec le gamma knife à Lyon, ndr]. Tout le monde a été sympa. Je n’étais pas particulièrement stressée et l’expérience a même été presque agréable. Je suis arrivée hier soir et je repars demain chez moi. Et normalement, c’est fini ! » 

« Nous vivons aujourd’hui l’aboutissement d’un projet qui remonte à quatre ans. C’est un moment important pour toute l’équipe de Lyon Sud, une équipe experte, aux compétences élevées et très motivée. Nous avons pu également compter sur l’accompagnement d’Elekta, le fabricant suédois du gamma knife. Nous prévoyons de traiter cette année au minimum 250 patients », conclut le Pr Olivier Chapet, chef du service de radiothérapie.

À terme, cette unité transversale, forte de ses multiples compétences, ambitionne de devenir un centre de référence dédié aux pathologies cérébrales.  

Dernière mise à jour le : ven 24/03/2023 - 14:58