Bronchiolite : nouvelle campagne de prévention pour les nourrissons et les femmes enceintes

Chaque année, à la fin de l’automne et pendant l’hiver, la bronchiolite touche près d’un tiers des enfants de moins de deux ans. Depuis 2023, un traitement préventif, efficace et remboursé par la sécurité sociale et les mutuelles est proposé pour les nouveau-nés et les nourrissons. Cette année, la campagne de prévention intègre également la vaccination des femmes enceintes.

La bronchiolite est une infection respiratoire du nourrisson très contagieuse. La plupart du temps sans conséquence, elle peut parfois prendre des formes graves même chez les petits bébés en bonne santé. Chaque année, elle touche un tiers des enfants de moins de deux ans et peut représenter plus de la moitié des hospitalisations en réanimation pédiatrique, au plus fort de l’épidémie

Afin de toujours mieux maîtriser l’épidémie et de protéger les nourrissons, la campagne de prévention, mise en place en 2023, est de nouveau lancée, avec en premier lieu, le rappel des gestes barrières mais aussi avec la mise à disposition d’un traitement préventif, efficace et facile à utiliser.

En quoi consiste ce traitement préventif pour les nourrissons ?

Ce n’est pas un vaccin. Il s’agit d’une injection d’un anticorps monoclonal, le Nirsevimab ou Beyfortus®, capable de neutraliser le VRS, le principal virus de la bronchiolite. Le système immunitaire du bébé n’est pas sollicité, il n’a pas besoin d’apprendre à fabriquer des anticorps, ils sont déjà prêts.

Une seule dose suffit pour couvrir la période hivernale. En revanche, l’injection doit se faire dès à présent car le VRS va commencer à circuler très prochainement.

L’injection est proposée dès la maternité dès les premiers jours de vie pour les nouveau-nés qui vont naitre à partir du 16 septembre 2024, sinon elle peut être pratiquée par le médecin traitant (pédiatre ou généraliste) ou la sage-femme ou encore en PMI, pour les nourrissons nés avant le 16 septembre 2024.. A noter que l’allaitement maternel ne donne pas suffisamment d’anticorps pour contrer la bronchiolite.

Les inconvénients du traitement sont mineurs :

  • L’injection intramusculaire peut faire un peu mal donc privilégier l’administration  lors d’une tétée ou d’un biberon avec un câlin ensuite.
  • Une petite boule ou rougeur peut apparaitre au point d’injection, parfois un peu de fièvre, sans gravité.
  • Il n’y a pas d’effets indésirables graves rapportés, ni de contre-indications mais des précautions particulières en cas maladie grave de la coagulation du sang.

L’efficacité du traitement a été démontrée dans le cadre d’études de grande ampleur mais également en vie réelle sur la saison 2023-2024 : le Nirsevimab diminue de 80 % les hospitalisations et les formes graves : il ne fera pas disparaitre ni le virus VRS, ni la bronchiolite mais limitera fortement ses conséquences les plus graves. L’hiver dernier aux HCL, la campagne d’immunisation a été un succès avec 80% des nouveau-nés en maternité qui ont pu recevoir le médicament. L’efficacité pour les nouveau-nés nés aux HCL était de 78%, avec une réduction de moitié des cas d’hospitalisation pour bronchiolite, en particulier chez les nourrissons les plus jeunes.

Le Nirsevimab est pris en charge par la sécurité sociale et les mutuelles. Il n’est pas obligatoire, mais est fortement conseillé par les médecins généralistes, pédiatres, sages-femmes, ...

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copyright : ¸Aleyna-Ozcan
Nourrisson en train d'être ausculté. Copyright :¸Aleyna Ozcan

En 2024, la campagne de prévention intègre également la vaccination des femmes enceintes

Depuis cette année, la prévention des infections à VRS peut s’anticiper dès la grossesse : un vaccin (Abrysvo) est disponible pour immuniser la maman, ce qui permet de transmettre les anticorps à son bébé via le placenta puis le lait maternel. Ce vaccin est disponible en ville et à l’hôpital et est pris en charge par la sécurité sociale.

La Haute Autorité de Santé ainsi que les médecins pédiatres, obstétriciens et les sages-femmes recommandent le vaccin au dernier trimestre de grossesse. La vaccination de la femme enceinte contre ce virus s’ajoute aux autres vaccins recommandés durant la grossesse pour protéger la maman et le bébé à naitre (vaccin coqueluche, grippe et Covid).

Lorsque la femme enceinte a pu bénéficier du vaccin anti VRS, on considère que son bébé est protégé et il n’y a pas besoin de lui administrer le Nirsevimab. Le choix est laissé aux parents durant la grossesse, soit de réaliser le vaccin chez la femme, soit de prévoir le Nirsevimab après la naissance chez le bébé.

Prévenir l'épidémie en respectant les gestes barrières

Il est important de rappeler que malgré des symptômes souvent impressionnants et des cas graves qui peuvent nécessiter une hospitalisation d’urgence (en particulier chez les nourrissons de moins de 6 semaines1), la bronchiolite est une maladie le plus souvent bénigne. Très contagieuse, elle est due, dans plus de 80 % des cas, au virus respiratoire syncitial (VRS). Pour en préserver les nouveau-nés et nourrissons, il est donc primordial d’éviter tout contact avec des personnes enrhumées et d’adopter les bons réflexes tels que le port du masque au moindre doute, le lavage régulier des mains...

En cas d’apparition de symptômes chez votre enfant, privilégiez la consultation chez votre médecin traitant ou un pédiatre de ville, et, en cas de symptômes marqués, l’appel au 15 avant de vous rendre aux urgences.

Les bons gestes à adopter

Reconnaître les symptômes de la bronchiolite

  • Rhume avec toux sèche, répétée
  • Difficultés respiratoires (respiration plus rapide, bruyante à l’expiration)
  • Avec ou sans fièvre

Les signes d’une forme grave nécessitant une consultation médicale ou un appel au 15

  • Altération de l’état général (bébé fatigué, sourit moins, pleure beaucoup, ne joue pas, etc.)
  • Gêne alimentaire et diminution des rations ingérées (<50 % ration habituelle sur plusieurs repas consécutifs)
  • Gêne respiratoire et respiration beaucoup plus rapide que d’habitude
  • Fièvre très élevée et/ou mal tolérée

Ne se rendre aux urgences qu’en cas de nécessité absolue.

Pour éviter la bronchiolite à son enfant

  • Éviter la collectivité et les lieux fréquentés, en particulier pour les nourrissons fragiles
  • Respecter les gestes barrières (port du masque en cas d’infection même minime, lavage des mains, y compris et surtout pour la fratrie)
  • Aérer quotidiennement la chambre et les pièces à vivre
  • Nettoyer régulièrement biberons, tétines, doudous, jouets...
  • Ne pas fumer (tabagisme passif dangereux)

Pour soigner la bronchiolite de son enfant

  • Laver le nez fréquemment
  • Fractionner les repas (petites quantités à intervalles rapprochés)
  • Proposer à boire fréquemment
  • Bien aérer l’environnement (la chambre de l’enfant, en premier lieu)
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La bronchiolite, je l'évite (campagne)

Le plan hivernal : une gestion de crise sanitaire grandeur nature reconduite chaque année

Tout en espérant que leur appel à l’immunisation des bébés, à la vigilance et aux bonnes pratiques soit suivi d’effets, les Hospices Civils de Lyon, et plus particulièrement l’hôpital Femme Mère Enfant, se préparent à faire face à une éventuelle augmentation des cas chez les plus petits.

Chaque année, le déclenchement d’un plan hivernal, véritable gestion de crise sanitaire reposant sur une série de mesures graduées, permet de faire face au mieux à cette épidémie ciblée sur un type de population.

 

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Le Pr Yves GILLET, responsable des urgences pédiatriques de l’hôpital Femme Mère Enfant, nous informe sur cette infection virale et nous livre ses conseils :