Cancer du pancreas

Résumé
Les cancers peuvent apparaître et se développer dans tous les organes et le pancréas peut en être une localisation. Le cancer du pancréas est plus fréquent chez l’homme et survient principalement après 60 ans.

Qu'est-ce que le cancer du pancréas ?

Les cancers peuvent apparaître et se développer dans tous les organes et le pancréas peut en être une localisation. Le cancer du pancréas est plus fréquent chez l’homme et survient principalement après 60 ans.

On distingue différents types de cancer du pancréas :

  • L’adénocarcinome est le type histologique de loin le plus fréquent (90% des cas). Les cellules tumorales concernées sont issues des cellules normales tapissant les canaux pancréatiques.
  • De manière plus rare il peut s’agir de cystadénocarcinome (variante proche de la précédente) ou de tumeurs endocrines (les cellules sont alors issues de cellules normales fabriquant des hormones digestives).

Il n’existe pas de facteurs favorisants réellement identifiés ; seule la présence d’une maladie du pancréas de type pancréatite chronique calcifiante augmente de façon notable le risque de cancer du pancréas.

Quel est le rôle du pancréas ?

Il s’agit d’une glande située profondément dans l’abdomen près de la colonne vertébrale composée de droite à gauche de trois parties appelée « tête, corps queue ». Le canal pancréatique (canal de Wirsung) traverse cette glande avant de rejoindre le cholédoque (portion terminale des voies biliaires) dans la tête du pancréas et s’aboucher dans le duodénum (partie du tube digestif qui fait suite à l’estomac avant l’intestin grêle) par la papille.

Le pancréas possède deux rôles distincts :

  • Un premier dans la digestion. Le pancréas fabrique et sécrète différentes enzymes qui vont participer à la digestion. Les sucs pancréatiques seront excrétés dans le duodénum par le canal de Wirsung.
  • Un deuxième dans la production d’hormones comme l’insuline (régulation du taux sanguin de sucre).

Symptômes

Les symptômes du cancer du pancréas sont souvent tardifs (le cancer peut se développer longtemps avant de donner des symptômes) et peu spécifiques (ces symptômes peuvent se voir dans beaucoup d’autres maladies que le cancer du pancréas.).

Lorsque la tumeur se développe dans la tête du pancréas elle peut comprimer le cholédoque et déclencher une jaunisse (ictère) par reflux de la bile (qui ne s’écoule plus dans le duodénum) dans le sang.

Souvent c’est une importante baisse de forme, un amaigrissement inexpliqué, un manque d’appétit, des douleurs abdominales se prolongeant préférentiellement dans le dos qui sont les premiers symptômes.

Diagnostic

Il n’existe pas d’examen de dépistage spécifique du pancréas.

L’échographie abdominale est l’examen de débrouillage réalisé en première intention. En raison de la profondeur de la glande, l’échographie abdominale ne permet pas toujours de bien visualiser le pancréas, car très souvent il est masqué par les gaz contenus dans l’intestin. On propose alors la réalisation d’une tomodensitométrie (scanner). Cet examen permet de bien visualiser le pancréas et la tumeur si celle-ci a une taille suffisante pour être vue, et de rechercher la présence éventuelle d’autres localisations tumorales (métastases) notamment sous forme de ganglions ou de localisations hépatiques. Il permet de plus de mettre en évidence une dilatation du cholédoque ou du wirsung, signes indirects de la présence d’une tumeur.

Pour affirmer le diagnostic il est nécessaire de réaliser un prélèvement (ou une biopsie) de la tumeur ou d’une de ses métastases si elles existent. Cette procédure permet d’apporter la preuve histologique de la nature cancéreuse de la maladie. Ce geste peut se faire par une aiguille à travers la peau sous anesthésie locale ou lors d’un geste d’écho endoscopie.

Pour aider le chirurgien, il peut être parfois être proposé de réaliser une Imagerie par résonance magnétique (IRM) pour mieux préciser les rapports de la masse tumorale avec les vaisseaux adjacents.

Enfin, l’écho endoscopie (tube porteur d’une sonde d’échographie) introduit par la bouche permet en même temps l’étude des vaisseaux et la réalisation de la ponction. Cet examen est très utile pour l’exploration des petites tumeurs pancréatiques mais nécessite une anesthésie générale. L’utilité du dosage sanguin du marqueur tumoral CA19.9 est controversée. Il ne s’élève de manière inconstante qu’à un stade relativement avancé de la maladie et peut être élevé dans d’autres pathologies notamment hépatiques non tumorales (cholestase quelque soit la cause).

Traitement

Le but du traitement est d’apporter la guérison ou une rémission, de diminuer les symptômes, d’améliorer la qualité de vie. Il est défini en fonction du type de cancer, de son extension, de l’état général, de l'existence d'autres maladies associées.

Plusieurs méthodes de traitements sont utilisées : chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie. Ces différents traitements sont appliqués dans des unités spécialisées. Les décisions de traitements sont prises par des différents spécialistes concernés par la prise en charge du cancer du pancréas au cours de Réunion de Concertation Pluridisciplinaire. La base du traitement repose sur la chirurgie qui est la seule façon de retirer l’ensemble des cellules cancéreuses à condition que la maladie soit localisée et de petite taille.

Dans les cancers du pancréas, 9 fois sur 10, la maladie est découverte alors que déjà l’envahissement des vaisseaux adjacents ou l’atteinte d’autres organes font contre indiquer la chirurgie. Lorsque celle-ci est réalisable techniquement et qu’il n’existe pas d’extension à distance de la maladie, elle reste le traitement de référence. Le type de chirurgie dépend alors de la localisation de la maladie : ablation d’une partie du pancréas, du duodénum, de la vésicule et d’une partie des voies biliaires lors de localisation dans la tête du pancréas (ce qui est le cas le plus fréquent), l’intervention s’appelle alors une duodéno-pancrétectomie céphalique. En cas de tumeur localisée dans la queue du pancréas, on réalise une pancréatectomie caudale le plus souvent associée à l’ablation de la rate (splénectomie).

Une chimiothérapie ou une radiothérapie ou l’association des deux peuvent être proposées après la chirurgie en fonction des résultats anatomopathologiques (lecture au microscope de votre pièce opératoire).

Lorsque la tumeur n’est pas extirpable, la chirurgie dite de dérivation peut être nécessaire pour lever une occlusion digestive en dérivant le tube digestif, ou pour dériver l’obstacle sur la voie biliaire responsable de l’ictère. Cette chirurgie peut parfois être remplacée par la pose de prothèses biliaires ou duodénales par voie endoscopique sous anesthésie générale. La liberté des voies biliaires est un préalable avant de débuter une chimiothérapie.

La chimiothérapie est en effet proposée dans les tumeurs inextirpables et/ou avec des localisations secondaires à distance. Le but de la chimiothérapie est de traiter la maladie par un effet chimique destructeur de la cellule malade en touchant les mécanismes intimes de la reproduction cellulaire. Ces produits ont l’avantage d'être diffusés par le sang dans l’ensemble de l’organisme, traitant potentiellement toutes les localisations possibles de la maladie.

La radiothérapie reste en cours d’évaluation. Elle peut être proposée dans le cadre d’un essai thérapeutique de recherche clinique dès les stades précoces de la maladie. Le traitement consiste aussi à prendre en charge la douleur autant physique que psychique. Si cela est nécessaire votre médecin peut proposer l’aide d’équipes spécialisées dans ce domaine. Pour améliorer ces résultats encore insuffisants, la recherche de nouvelles techniques de dépistage, de nouveaux traitements et de nouvelles stratégies est nécessaire. Elle est fondée sur des essais thérapeutiques, approuvées par des comités d ‘éthique. En France, ces essais sont menés dans le cadre législatif très strict de la loi de protection des personnes dite « loi Huriet ».

Suivi

Seule la pancréatectomie totale rend nécessaire la supplémentation en enzymes digestives et l’utilisation de l’insuline, mais cette opération est rarement réalisée. En règle générale on conseille de garder une alimentation la plus diversifiée possible, il n’existe pas d’aliments interdits. Les compléments nutritionnels peuvent avoir leur utilité pour aider la reprise de poids.

Voir aussi
Dernière mise à jour le : mar 03/08/2021 - 12:06